Cameroun – Ramassage des ordures à Yaoundé : L’urgence de financer l’activité.


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  • 8 juillet 2024

Selon une évaluation de la Banque mondiale rendue publique en 2023, il en ressort que, pour relever le taux de collecte des ordures ménagères à 80% dans la ville de Yaoundé, il faudrait mettre à disposition 15 milliards de FCFA de financement.

Contrairement aux idées véhiculées par une certaine opinion, relativement à l’état d’insalubrité perceptible dans la ville de Yaoundé, il en ressort clairement que, aussi bien dans l’arrondissement de Yaoundé 3, attribué à la société Thychlof ; que dans les six autres arrondissements de la cité capitale, confiés à l’entreprise Hysacam, la réalité est la même, les immondices sont partout une réalité. Il est donc évident de conclure que, l’arrivée de cette nouvelle société en 2021, par gré à gré avec la Communauté urbaine de Yaoundé, sous la conduite du Maire Luc Messi Atangana, n’aurait absolument rien apportée de plus dans l’amélioration de la qualité des prestations offertes en matière d’hygiène et salubrité dans la ville de Yaoundé. Et pour preuve, plusieurs quartiers de l’arrondissement de Yaoundé 3, à l’instar de Cradat, Montée Chapelle Obili, Nsam, Obobogo, Nsimeyong, ou même Damas, pour ne citer que ceux-là, ploient également sous le coup des immondices. 

Les limites du nouveau prestataire

En outre, il faut également noter que, les multiples grèves enregistrées avec les sous-traitants de l’entreprise Thychlof, ses insuffisances en personnels, ainsi qu’en matériels logistiques (Camions, balayeuses mécaniques, etc), l’utilisation saisonnière des centaines de jeunes stagiaires ayant régulièrement connus des difficultés de paiements de leurs indemnités, le manque d’expérience et d’expertise de cette entreprise dans le domaine de la gestion des déchets, ne milite vraiment pas en faveur de cette volonté de multiplier systématiquement les prestataires, dans l’espoir de résoudre le problème d’insalubrité dans la ville de Yaoundé. Bien plus, à travers cette expérience très peu reluisante de ce prestataire dans l’arrondissement de Yaoundé 3, il est plus qu’impératif de recourir désormais, sans complaisance, à travers l’appel d’offre en cours, au recrutement des sociétés beaucoup plus capacitées et expérimentées, disposants des états de service assez soutenables dans ce domaine d’activité, aussi bien à l’échelle nationale, qu’internationale. 

Faible taux de collecte des déchets

Selon le Dr. Marie-Solange Mbang épse Efon, Directeur de l’urbanisme, de l’architecture et du cadre de vie, à la Communauté urbaine de Yaoundé : « Les contrats signés il y a cinq ans, en 2018, prévoyaient en volume, la collecte de 1200 tonnes de déchets par jour ; alors même que à cette époque-là, le volume des déchets produit quotidiennement dans la ville de Yaoundé tournait déjà autour de 2300 tonnes. Aujourd’hui, nous sommes autour de 2600 tonnes par jour. Or, les deux opérateurs chargés de l’enlèvement de ces ordures dans la ville de Yaoundé ne collectent que 1200 tonnes par jour, conformément à leurs contrats ; soit moins de 50% de taux de collecte. Le reste de ces déchets hors contrats, restent bien aux abords des rues. D’où l’état d’insalubrité que nous observons dans la ville aujourd’hui. Nous devons donc remédier à cette situation ».

Problème de financements

Avec ce taux de collecte et de ramassage des déchets, inférieur à 50%, on comprend alors pourquoi les tas de poubelles, qui ne sont pas pris en compte dans les contrats des entreprises Hysacam et Thychlof, inondent les abords des rues de la cité capitale. Ainsi, Dr. Marie-Solange Mbang, rajoute que : « Si nous voulons que Yaoundé soit propre, il faut augmenter l’enveloppe financière allouée à la gestion des déchets. A l’époque, en 2019, lorsqu’on signait les derniers contrats qui sont arrivés à expiration le 31 décembre 2023, l’enveloppe cumulée de l’Etat et de la communauté urbaine tournait autour de 5 milliards de FCFA par an, pour le ramassage des déchets dans la ville de Yaoundé, pour un taux de collecte de moins de 50% seulement. Aujourd’hui, s’il faut relever ce taux de collecte des ordures à 80%, il faudrait mettre à disposition 15 milliards de FCFA, selon une évaluation de la Banque mondiale ».

Vers des solutions durables

De l’avis des spécialistes et experts dans les questions de gestion des déchets, le problème de l’insalubrité de la ville de Yaoundé repose sur le très faible taux de collecte des ordures ménagères ; et l’insuffisance sévère des financements alloués à cette activité. Ainsi, ce n’est donc pas en multipliant les prestataires, sans tenir compte des ratios techniques et des contraintes financières, qui permettront de solutionner le problème. Il revient alors à la Communauté urbaine de Yaoundé, d’imaginer de nouveaux mécanismes de financement de cette activité, à travers par exemple la participation fiscale des populations locales, comme c’est le cas dans plusieurs grandes métropoles africaines. En outre, la mise en œuvre effective des droits d’assises, institués par un décret du Premier Ministre, Chef du gouvernement, en 2023 et consacrés essentiellement au financement de la gestion des déchets, à travers un compte spécial logé au Feicom, au bénéfice des Collectivités territoriales décentralisées, serait un espoir certain et une bouffée d’oxygène pour ces prestataires qui sont presqu’à l’agonie aujourd’hui.

Vivement que la volonté politique, dans une dynamique stratégique, puisse porter un jour ce taux de collecte des déchets à 100%, avec des financements suffisamment calibrés et des prestataires assez expérimentés, pour finalement espérer avoir des villes totalement propres, débarrassées de toutes ordures ménagères.

Samuel Bondjock

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