JMH 2023 – Effondrements des immeubles et risques de catastrophes : Les Maires aux bancs des accusés.


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  • 27 septembre 2023

À l’occasion de la 37e édition de la journée mondiale de l’habitat à Garoua, madame le ministre de l’habitat et du développement urbain, Célestine Ketcha Courtès, a modéré par visioconférence, le 26 Septembre 2023, une Table ronde sur « La résilience des villes face aux catastrophes ». Ci-dessous en exclusivité, le propos liminaire de Célestine Ketcha Courtès.

Permettez-moi à l’entame de mon propos de vous souhaiter la bienvenue à cette Table ronde spéciale sur le thème « La Résilience des villes face aux catastrophes ». Il ne vous a pas échappé qu’il s’agit de la première Session d’échanges de notre Semaine de l’Habitat consacrée, comme il est désormais de tradition en prélude à la Célébration de la Journée Mondiale de l’Habitat, à un brainstorming des acteurs urbains sur les principaux défis des villes, dans la perspective de la mise en œuvre des ODD. La place ainsi accordée au sujet qui nous réunit en cette matinée est la preuve qu’il devrait être abordé avec gravité.

En effet, la mémoire collective de notre pays est entachée ces dernières années par des drames répétitifs dans les villes, et consécutifs aux effondrements d’immeubles, éboulements de terrains et inondations. Ces catastrophes ont occasionné d’importantes pertes matérielles, mais plus grave, elles ont endeuillé de nombreuses familles.
Pour citer les plus récentes survenues au mois de juillet :
Dans la ville de Douala, un immeuble de type RDC +4 au lieu-dit « Mobil Guinness » s’est effondré entraînant outre d’importants dégâts matériels, le décès d’une quarantaine de compatriotes.
Pendant que la Nation toute entière était sous le choc de cette annonce, la ville de Ngaoundéré enregistrait deux jours plus tard, l’effondrement d’un immeuble R+1 situé au lieu-dit « Baladji » entraînant, outre la destruction de deux autres maisons, la mort de 04 personnes, une maman de 37 ans et ses trois enfants.

En plus de ces effondrements d’immeubles, on enregistre à chaque saison de pluies des éboulements de terrain et des inondations, avec les mêmes conséquences dramatiques. Les plus récents sont survenus dans la ville de Limbe au mois de Juillet, avec un glissement de terrain qui a entraîné des pertes en vies humaines : 03 personnes sans compter de nombreuses familles qui se retrouvent aujourd’hui sans logement. Bien auparavant, des catastrophes similaires avaient été enregistrées dans les villes de Yaoundé et de Bafoussam : au quartier Damase à Yaoundé le 27 Novembre 2022, et à Ngouache à Bafoussam le 29 Octobre 2019, faisant respectivement une quinzaine et une quarantaine de morts.
Ce tableau déjà sombre ne serait pas complet si l’on omettait d’y ajouter les incendies récurrents affectant des infrastructures marchandes et des édifices publics et privés, faisant partir en fumée les investissements consentis.

Permettez-moi, avant d’aller plus loin dans mon propos, de réitérer à titre personnel ma tristesse face à ces événements malheureux, et de renouveler, comme je l’ai fait lors de ma descente à Douala le 24 Juillet dernier au lendemain du drame que je viens de mentionner, mes sincères condoléances aux familles durement éprouvées. En ma qualité de Ministre de l’Habitat et du Développement Urbain, Architecte et Urbaniste de l’État, je me sens interpellé par la récurrence de ces catastrophes en milieu urbain, pour en identifier les causes et préconiser des solutions pour éviter que cela ne survienne, ceci conformément aux Très Hautes Prescriptions du CHEF DE L’ETAT, relayées par Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement.
C’est dans cette perspective que j’ai prescrit l’organisation de la présente Table ronde spéciale dans le cadre de la Semaine Nationale de l’Habitat, édition 2023.

En effet, il devient impérieux pour les acteurs urbains de porter une attention plus soutenue aux risques de catastrophes dans nos cités, de rester en éveil et mobilisé. Les drames récents dans notre pays certes, mais aussi à travers le continent, comme il y a quelques semaines au Maroc ou en Lybie, montrent que les villes sont les lieux où les conséquences humaines et socio-économiques des catastrophes peuvent être les plus dévastatrices, du fait de la densification des espaces d’habitation.
L’origine de ces catastrophes se trouve dans la conjonction des aléas naturels et des facteurs humains (origine anthropique). En effet, d’une part les changements climatiques augmentent les occurrences des phénomènes naturels extrêmes à travers le monde, et incidemment les risques de désastres humains et socio-économiques. D’autre part, l’urbanisation non maîtrisée, dans un contexte d’extension spatiale accélérée et de densification démographique, se traduit par le désordre urbain qui expose l’habitat humain aux aléas naturels. Les lacunes dans la planification urbaine (que nous voulons désormais faire apparaître comme un véritable instrument de prévention des catastrophes), et le non-respect de la réglementation en vigueur en matière de construction, constituent des facteurs de risques majeurs de sinistres.
Il est par conséquent urgent de créer une dynamique permettant de renforcer la prise de conscience du rôle des facteurs humains dans la survenu des catastrophes en milieu urbain, et de mieux aligner les politiques urbaines (planification, restructuration, etc.) sur l’enjeu de résilience pour prévenir et à mitiger les risques.

Cette Table Ronde Spéciale est une étape dans cette dynamique. Son objectif est de permettre d’échanger sur l’état des risques qui pèsent sur nos villes, d’évaluer les dispositifs juridiques, normatifs et techniques de prévention existants en matière d’urbanisme et d’habitat, et de dégager des pistes de solutions durables pour le renforcement de la résilience urbaine face à l’intensification des phénomènes naturels extrêmes liés aux changements climatiques.

En plus des experts conviés, j’attends des Maires qui y participant, des interventions sur les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de la règlementation, en ce qui concerne notamment les règles d’utilisation des sols et de construction.
Car, comme je l’ai rappelé dans ma Circulaire n° 0002/E/2/LC/MINHDU du 28 Juillet 2023 relative à l’application de la réglementation en matière de construction des bâtiments dans les villes, Circulaire faut-il le préciser prise conformément aux Très Hautes Directives données par le Président de la République dans son télégramme officiel adressé au Gouverneur de la Région du Littoral le 25 juillet 2023, l’arsenal juridique du Cameroun en matière d’urbanisme, notamment la Loi n° 2004/003 du 21 Avril 2004 régissant l’urbanisme, accorde aux Communes non seulement d’importantes prérogatives pour veiller à une stricte application des règles d’urbanisme et de construction à respecter aussi bien dans la phase des études que celle de l’exécution des travaux, mais de plus, il leur donne un pouvoir de sanctions en cas de non-respect desdites règles.

Les objectifs de notre Table Ronde spéciale étant précisés, permettez-moi de vous en donner les principales articulations :

Une vidéo introductive de dix minutes sur les inondations survenues dans la ville de Limbe.

Suivront cinq exposés d’une quinzaine de minutes chacun sur les thèmes suivants :
Les villes face au défi des changements climatiques : état de la menace et des risques, (Dr BATHA ROMAIN ARMAND, Chef du Département de Production et de Diffusion des Services Climatologiques, de Veille et des Alertes, à l’Observatoire Nationale sur les Changements climatiques).
Les instruments juridiques et normatifs face aux catastrophes : état de lieux et difficultés d’appropriation et d’application. Faut-il relire la Loi de 2004 sur l’urbanisme ? (KUETCHE, DANH/MINHDU).
La restructuration urbaine comme instrument de prévention des catastrophes (MAETUR et Mme INDJIKE, SDOAE/MINHDU).
L’ingénierie urbaine pour la mitigation des risques et la gestion des catastrophes (BIAKEU Patrice, Délégué Régional Minhdu Littoral) 
L’état de la prise en compte des catastrophes dans les agendas urbains (Claude NGOMSI, de ONU-HABITAT) .

Enfin, nous passerons à la phase des échanges et recommandations.
En souhaitant une fructueuse Session dont j’attends des recommandations pertinentes nous permettant d’affiner les réponses face aux catastrophes en milieu urbain, Je vous remercie pour votre aimable attention.

Propos recueillis par Samuel Bondjock

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