Cameroun – Violences en milieux scolaires : La chronique du philosophe psychopédagogue Jean Paul Nna Mvondo.

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Le philosophe psychopédagogue Jean Paul Nna Mvondo, scrute le landerneau des salles de classes de nos collègues et lycées, devenus un véritable cercle vicieux de faits divers, amplifiés et rocambolesques.

Qu’est-ce qui fait courir nos apprenants dans le monde de la perversion et de l’agressivité ? Autrement dit, pourquoi la violence en milieu scolaire perdure t’elle de nos jours, sans que cela n »émeuve l’establishment social Camerounais ?

Pour répondre à ces différentes questions posées, j’aimerais revenir sur les propos fort évocateurs de la dégénérescence, combinée des jeunes Camerounais en milieux scolaires, que m’a susurrés mon ancien délégué départemental des enseignements secondaires, monsieur Eba Mvondo Anatole, retraité aujourd’hui. Mais très au fait des problématiques liées à la vie scolaire.

Selon lui, la violence en milieu scolaire tend à devenir un fait de société banal, si rien d’énergique n’est fait pendant qu’il est encore temps. Le reportage viral sur les réseaux sociaux, concernant la levée de boucliers effectuée par les forces de l’ordre au Lycée d »Anguissa à Yaoundé (où exactement plusieurs élèves ont été surpris en possession des stupéfiants, des armes à feu, et des objets contondants), devrait amener les uns et les autres à un changement de paradigmes émotionnel, comportemental, culturel, et artistique, en matière de proximité de chacun auprès des apprenants, aussi bien dans les structures éducatives que dans les espaces périscolaires.

Nous devrions pour cela, selon mon interlocuteur d’un soir, être très prudents et attentionnés devant la déferlante nocive d’une cohorte de jeunes apprenants déterminés à défier l’autorité parentale, l’autorité scolaire, ainsi que l’establishment républicain.

La violence scolaire s’est installée sur toutes les Strates de la société Camerounaise en particulier et du Monde en général. Les Etats s’organisent en blocs de violence ( OTAN), (quid des apprenants en milieux scolaires), contre les autres. Des États souverains se font la guerre (Ukraine, Russie), certains États détruisent les autres sans motifs valables. Le cas de la Libye et de l »Irak nous le démontre à suffisance. Et, plus prés de nous, les députés et les magistrats se volent la vedette et n’hésitent pas à s’attaquer aux forces de l’ordre. La diaspora africaine attaque un Président de la République.

En Outre-mer, un citoyen français giffle publiquement son Président de la République. Dans une vieille démocratie comme les USA, des électeurs cassent des barrières pour déloger un Président élu. Et, au Vatican, siège de la supposée piété, le clergé agresse sexuellement ses ouailles. Les mafias s’en délectent comme d’une chose normale, et diffusent en boucle ces scènes odieuses et exécrables infligées aux ouailles dans le but d’amener les jeunes à agir de la sorte.

Conséquemment, ce que nous vivons aujourd’hui dans nos Lycées et collèges ne devrait pas nous surprendre. Car nos enfants sont nos plus sincères et ardents interprètes, qui ne savent copier coller, que ce qu’ils ont vu le parent, le maître, l’idole social faire.

De tout ce qui précède, il y a lieu de déceler une véritable crise mondiale des mentalités. Les peuples, de plus en plus, ont décidé, comme le disait mon professeur Hubert Mono Ndjana : d’écarter les normes pour normaliser les écarts.

Qu’est-ce qui est réellement une norme dans nos sociétés aujourd’hui ? Ce sont les dealers de drogue populaire, les feymen, les detourneurs de deniers publics, les corrupteurs etc… Toutes choses qui gangrènent la société, mais curieusement sont adulées par le plus grand nombre. On fêterait plus facilement avec un detourneur de deniers publics qu’avec un paisible citoyen, uniquement pour l’effet que le detourneur fait aux populations à travers sa grande opulence et son train de vie bling bling. Et c’est la société camerounaise qui se meurt, de ces tares infamantes, que la jeunesse actuelle copie avec la plus grande dextérité et facilité possible. D’où les nombreux attermoiements interminables et dysfonctionnements notoires constatés dans la vie sociale de ces jeunes compatriotes au quotidien.

Que nous reste-t-il donc à faire ? Devions nous baisser les bras et proclamer le défaitisme béat et la défaite ?

L’État Camerounais dans toutes ses composantes principales devrait prendre le taureau par les cornes.
1) Les établissements scolaires doivent être sécurisés à tout moment par les forces de l’ordre.
2) Les apprenants doivent être soumis à un code de conduite sur la base duquel leur admission à l’école est délivrée. Les curricula de formation doivent être révisés de manière à reprogrammer le magistrocentrisme basé sur la pédagogie explicite (le maître ici, donne le modèle que l’apprenant copie et applique).
3) Les parents d’élèves devraient cesser d’être des complices de leurs enfants par une forte décharge émotionnelle intense qui les pousse à cacher leurs défauts aux acteurs principaux de l’école, sous le fallacieux prétexte qu’ils veulent que leurs progénitures réussissent à tous prix par le chemin de l’école.
4) L’enfant doit être un homme à gagner par l’éducation qu’on lui donne. Aussi, les parents à la maison devraient-ils manifester des comportements sociaux exemplaires devant leurs enfants, afin que ceux-ci soient modelés dans un environnement familial exemplaire.
5) Les éducateurs scolaires doivent prendre la peine de contrôler systématiquement les entrées et sorties de leurs élèves pour qu’ils ne soient pas des proies faciles aux dealers de drogues qui prennent pour cibles les milieux scolaires.
6) L’État doit sécuriser les établissements scolaires pour qu’ils deviennent des milieux naturels clos, qu’aucune autre influence extérieure ne doit venir déranger la quiétude. À cet effet, la construction des débits de boissons à proximité des établissements scolaires doit être prohibée et sans condition.
7) Les parents et les enseignants de concert devraient continuer à ménager la chèvre et le chou, en appliquant des sanctions disciplinaires exemplaires à tout apprenant délinquant surpris dans des pratiques maffieuses indécentes.
8) Les élèves doivent éviter les mauvaises compagnies de groupes de pairs trop accoutumés à des pratiques peu orthodoxes .
9) L’État doit punir sévèrement les délinquants sexuels et de la fortune publique pour montrer l’exemple à la société pour d’éventuels projets que nourriraient les jeunes Camerounais dans les pratiques contre nature contraires à l’éthique et la morale.
10) Les parents d’élèves doivent cesser d’être des avocats du diable de leurs enfants lorsque ceux-ci sont coupables de délits commis en milieux scolaires. Ils devraient, comme éducateurs, s’associer aux enseignants pour former l’être de l’enfant aux bonnes mœurs.

Nous estimons que la violence en milieu scolaire peut prendre fin, à condition que la communauté éducative entière prenne des dispositions nécessaires pour éradiquer le mal. C’est de manière concertée que État, parents, éducateurs scolaires, doivent travailler en synergie, en équipe, de manière à tordre le cou à cette pandémie devenue virale qu’est la violence en milieu scolaire. Les anciens doivent prêcher par l’exemple pour attendre que la jeunesse actuelle qui devrait les succéder se comportent de manière exemplaire, par imitation de la bonne conduite des adultes.

Jean Paul Nna Mvondo, philosophe psychopédagogue

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