C’est la substance du point de presse donné conjointement ce 22 avril 2025 à Yaoundé, par le Ministre de l’Habitat et du développement urbain, Célestine Ketcha Courtès ; et son homologue de la Décentralisation et du développement local, Georges Elanga Obam, relatif à la présentation officielle des État généraux sur la gestion des ressources en déchets urbains au Cameroun, qui se dérouleront les 6 et 7 Mai 2025 à Yaoundé.
Dans un contexte marqué par une croissance urbaine accélérée, un boom démographique et un étalement anarchique des villes, la question des déchets reste une préoccupation majeure, aussi bien pour les pouvoirs publics, que pour les populations. Les statistiques en la matière sont alarmantes. La ville de Yaoundé, par exemple, connaît une augmentation constante de la production journalière des déchets, soit 2600 à 3000 tonnes par jour ; avec un accroissement de l’ordre de 20 000 tonnes par an.
Cependant, en dépit des actions entreprises par les pouvoirs publics, le sous-secteur de la gestion des déchets solides, dans ses composantes institutionnelle, financière, technique et opérationnelle, se révèle inefficace pour gérer cette problématique. Les faiblesses du système actuel se caractérisent par des lacunes dans la structuration de la pré-collecte ; l’obsolescence du dispositif technique de gestion des déchets (collecte, transport, traitement), qui fait face à l’absence d’infrastructures ; les efforts de valorisation de ces déchets demeurent embryonnaires, avec entre autres des conflits de compétences persistants entre les différents acteurs institutionnels, sans oublier le mécanisme de financement qui est inadéquat, s’agissant aussi bien de la faiblesse des ressources disponibles et de la complexité des procédures de contractualisation des prestataires.
Conséquences, ces lacunes se traduisent finalement par un faible taux de collecte contractuel des déchets dans les villes. Ce taux de collecte est par exemple de 45% à Yaoundé, pour une production journalière estimée à environ 3000 tonnes. Conclusion, il en résulte alors une prolifération des tas d’immondices sauvages le long des rues de la cité capitale ; ’accumulation des ordures aux différents points de collecte ; la multiplication des décharges débordées et non contrôlées, avec des impact extrêmement négatifs sur l’environnement, dans la mesure où les déchets maintenus à l’air libre émettent des gaz à effet serre, parmis lesquels le méthane, qui est l’un des plus nocifs pour l’atmosphère.
Toujours sur le plan environnemental, l’on constate également le développement des pratiques de brûlage des déchets, qui sont assez polluant. Il convient enfin de relever les cas d’obstruction des systèmes de drainage par les déchets solides, notamment les bouteilles plastiques, occasionnant des risques d’inondations dans les villes.
Certes, plusieurs solutions ont déjà été préconisées par diverses instances de réflexion. Quelques-unes ont d’ailleurs aboutis à l’adoption de nouveaux dispositifs, comme les droits d’accises. Sauf que, la difficulté persistante à mobiliser cette source de financement suggère également de revisiter, ou alors de compléter ce dispositif.
Il en est de même du cadre institutionnel qui confie la gestion des déchets aux Communautés urbaines et aux Communes, mais avec toutefois des zones de conflits soulignés par les acteurs locaux, avec notamment la non-implication des Conseils Régionaux (Cf. Loi 2019/024 du 24 décembre 2019 portant code général des collectivités territoriales décentralisées).
Afin de poser les jalons de ce processus de révision, et en capitalisant les pistes de solutions identifiées au cours des réflexions antérieures, il convient aujourd’hui d’élargir le cadre de consultation à l’ensemble des acteurs de l’hygiène, de la gestion des déchets et de l’assainissement des villes.
C’est dans cette perspective participative et inclusive que le Ministère de l’Habitat et du Développement Urbain, de concert avec le Ministère de la Décentralisation et du Développement local, organise ces Etats généraux sur la gestion des ressources en déchets urbains au Cameroun.
Ainsi, cette concertation nationale s’arrime d’une part aux directives données au Gouvernement par le Chef de l’Etat, Paul Biya, lors de son discours à la Nation du 31 décembre 2023. Le Président de la République instruisait le Gouvernement au sujet de l’état d’insalubrité des villes en ces termes : « Face à la dégradation de la situation en la matière, j’ai prescrit au Gouvernement de trouver en urgence, une solution pérenne au problème du ramassage des ordures ménagères dans nos villes, en collaboration avec les Communes et les Communautés Urbaines ».
D’autres parts elle s’aligne aux objectifs définis par les principaux documents de stratégie de développement durable en vigueur au Cameroun, notamment :
Les Objectifs de Développement Durable (ODD) : la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND 30), qui préconise entre autres la modernisation des villes et la construction des infrastructures d’assainissement de base.
Il est donc question de changer de paradigme pour voir dans les déchets urbains, une ressource pour le développement économique et social des villes.
Et ces États généraux visent à formuler, de manière inclusive et participative, une Feuille de route engageant toutes les parties prenantes sur des mesures et des initiatives couvrant la chaîne de gestion des déchets : production par les ménages et les entreprises ; pré-collecte ; collecte ; traitement ; et valorisation.
L’accent sera mis sur les propositions de révision juridique et institutionnelle à mettre en œuvre de manière diligente, ainsi que sur des solutions opérationnelles en matière d’infrastructures, de financement du système de gestion des déchets et d’appui à l’économie circulaire.
Samuel Bondjock
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