L’Académie du Leadership des Femmes Élues Locales (ALFEL) portée par la Coopération Allemande au Cameroun, à travers le Programme d’Appui à la Décentralisation et à la Gouvernance Financière (PADGOF), en collaboration avec le Réseau des Femmes Élues Locales d’Afrique – section Cameroun (REFELA-CAM), a été lancée ce 01 juillet 2025 à Yaoundé en vue de répondre à la sous-représentativité alarmantes des femmes dans les instances politiques locales.
Le représentant du Ministère de le Décentralisation et du Développement Local (MINDDEVEL), dans son discours d’ouverture de circonstance a rappelé que, selon le Palmarès Genre publié par le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF) en 2022, les femmes ne représentent que 29,76 % des candidates électives et dirigent à peine 11 % des municipalités camerounaises. Moins de 40 communes sur 360 sont pilotées par des femmes. Des chiffres largement en deçà de l’objectif de parité fixé à 50 %, et qui traduisent une urgence à agir pour rééquilibrer la représentation politique à l’échelle locale. Les régions de l’Adamaoua et de l’Est, avec respectivement 16,2 % et 18,4 % de femmes électrices, illustrent particulièrement ce déséquilibre structurel.
Du 1er au 4 juillet 2025, cette académie de formation inédite qui réunit à Yaoundé, trente femmes élues locales – conseillères municipales des régions du Littoral et du Nord minutieusement sélectionnées sur la base de leur engagement en faveur de l’égalité des genres, de leur appartenance à un parti politique ou à la société civile, de leur expérience en gestion locale et de leur volonté de réinvestir les acquis de la formation dans leurs communautés pour renforcer leurs compétences en matière de leadership, de gouvernance locale et d’engagement citoyen vise à outiller ces actrices de terrain afin qu’elles puissent influencer de manière plus affirmée les politiques publiques, impulser des changements durables et incarner des modèles de gouvernance ancrés dans l’égalité et la participation citoyenne.
Le programme de formation a été minutieusement pensé pour répondre aux réalités des femmes élues locales. Sur quatre jours, les participantes seront formées à des thématiques aussi essentielles que le leadership politique, la budgétisation sensible au genre, la communication publique, la gestion des projets communautaires, la coopération territoriale, les droits des femmes ou encore le plaidoyer. L’approche pédagogique, mêlant modules théoriques, panels de discussions, études de cas pratiques et mentorat, se veut interactive et ancrée dans les expériences vécues.
Au-delà de la formation, l’ALFEL vise également à créer un réseau solidaire de femmes leaders capables de se soutenir, d’échanger leurs bonnes pratiques et de mutualiser leurs efforts pour faire avancer la cause féminine dans les communes camerounaises. Ce réseau sera pérennisé à travers des actions de suivi post-formation, un programme de mentorat et des outils de capitalisation.
L’ALFEL est rendue possible grâce à un partenariat stratégique entre le gouvernement camerounais, représenté notamment par les ministères de la Décentralisation, des Finances et de la Promotion de la Femme, et la Coopération Allemande à travers la GIZ, avec le soutien technique de REFELA-CAM. Alors, parlant des attentes, madame Angèle Noah, Présidente de REFELA-CAM précise : « nos attentes sont multiples, nous voulons qu’après ce séminaire, les femmes ayant pris part se présentent aux échéances électorales à venir afin qu’on puisse passer de 10 à 30% et pourquoi pas 50% car sans la femme la politique ne représente rien. Nous attendons également que l’Etat comprennent nos cris et draine les femmes qui représentent 52 % de la population électrice ». Ce projet s’inscrit dans la continuité des efforts déjà entrepris, notamment à travers l’Académie du Leadership Féminin en Finances Publiques (ALFFIP), organisée en 2024, qui avait permis de développer les capacités de leadership des femmes dans le domaine des finances publiques.
À l’heure où les défis de développement exigent des réponses inclusives et concertées, l’ALFEL apparaît comme une réponse novatrice et ambitieuse pour renforcer la voix des femmes dans la sphère politique locale. Elle offre aux élues locales un espace de reconnaissance, d’apprentissage et de construction collective, qui contribuera sans nul doute à faire émerger une nouvelle génération de leaders féminins au service du Cameroun tout entier. Toutefois, pour Sa Majesté Sarki Matta 1 De Tcheboa Baring – né Gonwa Rachel, de la commune de Ngong au Nord, « tout ceci ne serait pas d’une grande utilité si les élus locaux ne descendent pas sur le terrain toucher du doigt certaines réalités liées à l’éducation. Tant que les élus ne sont pas sensibilisés à encourager la scolarisation et l’éducation de la jeune fille au Nord, ceci ne changera pas grand-chose. L’éducation c’est la base. Il faut éduquer les populations et promouvoir l’éducation de la fille auprès des autorités ».
Rosine Yémélé
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