Dans une déclaration rendue publique ce 08 octobre 2021, madame Hamman Bouba Hawe, de la commission nationale des droits de l’homme du Cameroun (CNDH), insiste avec force sur la nécessité de s’unir au niveau national, régional et mondial, pour accorder une attention particulière à la santé mentale, qui est déterminante dans le processus de développement humain.
Dans cette correspondance, la CNDH relève qu’en célébrant cette 29 ème édition de la journée mondiale de la santé mentale, le 10 octobre 2021, sous le thème « la santé mentale dans un monde inégale », l’objectif est de mettre en évidence le fait que l’accès aux services de santé mentale reste inégal, avec environ 75% à 95% de personnes dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, qui sont incapables d’accéder aux services de santé mentale. En effet, selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), près d’un milliard de personnes souffrent d’un trouble mental, et 3 millions de personnes meurent chaque année, des conséquences de l’usage nocif de l’alcool, et une personne se suicide toute les 40 secondes. Au regard de ces statistiques alarmantes, il devient alors nécessaire et impérieux de se pencher sur des pistes de solutions, pour améliorer l’accès au soin de cette pathologie.
Mais avec les nouveaux défis liés à la prise en charge des personnes atteintes de maladies mentales, dans un contexte sécuritaire précaire qui prévaut dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ainsi que de la pandémie de la Covid-19, auxquels sont confrontés les États du monde en général et le Cameroun en particulier, ajouté à cela les actes de discriminations et de stigmatisation perpétrés par les populations à l’endroit des personnes atteintes des maladies mentales, et de leurs familles, la commission nationale des droits de l’homme du Cameroun recommande que les mythes et croyances autour de la santé mentale qui empêchent les familles de recourir aux soins médicaux et qui amènent la communauté à stigmatiser et à discriminer les personnes souffrants de troubles mentaux et leurs familles, soient dénoncés et abolies à travers la sensibilisation pour le changement des comportements.En outre, après une descente effectuée à l’hôpital Jamot de Yaoundé, le 17 août 2021, la commission a formulé un ensemble de recommandations parmi lesquelles, la duplication de l’opération « zéro malade mental errant dans les rues de Yaoundé », dans toutes les autres communautés du pays ; la création des Centres de Psycho-traumatologie et de la médiation du Cameroun (CPM) dans les autres villes du pays ; une plus grande attention à la santé mentale en tant qu’élément essentiel de soin de santé primaire dans le programme national de santé ; la construction d’un nouveau centre entièrement dédié aux soins de santé mentale qui s’ajoutera aux structures existantes ; l’amélioration des conditions de vie des patients internés dans les hôpitaux psychiatriques, y compris les conditions spécifiques des femmes, des enfants et des personnes handicapées ; l’approvisionnement adéquat de ces structures en équipements et en médicaments, afin d’encourager les familles à y amener les cas de santé mentale ; la prise en charge des rations alimentaires des malades mentaux indigènes ; l’amélioration des conditions de travail du personnel dans les hôpitaux psychiatriques ; la formation et le recrutement des médecins et d’infirmiers dans le domaine de la psychiatrie ; le renforcement des actions de santé communautaire par la formation des acteurs capables de contribuer à la prise en charge de ces malades à l’intérieur de leur communauté d’origine.
Pour sa part, la commission ne cessera de promouvoir et de protéger les droits de toutes les personnes atteintes de maladie mentale, par le biais d’ateliers de formation, des campagnes de sensibilisation, de plaidoyers, de visites régulières de tous les lieux de privation de liberté, des missions d’enquête, ainsi que le cadre du traitement des requêtes et de l’autosaisine.
Rosine Yémélé
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