La conférence de presse du ministre de l’Eau et de l’énergie (minee), Gaston Eloundou Essomba, tenue ce 31 mars 2022 à Yaoundé, a été l’occasion pour le gouvernement, de faire l’autopsie des secteurs eau et électricité, qui sont en péril au Cameroun.
Au regard des multiples perturbations enregistrées dans la fourniture des services d’eau et d’électricité sur l’ensemble du territoire national, en cette saison d’étiage, le minee, Gaston Eloundou Essomba, a bien voulu apporter des éclairages nécessaires à la bonne appropriation de cette épineuse problématique par les populations, via la presse nationale et internationale.
Secteur électricité
Selon Gaston Eloundou Essomba : « notre économie a connu une période de stagnation entre 1990 et 2006. Période pendant laquelle les investissements publics dans le secteur de l’électricité ont été gelés du fait de la diminution drastique des ressources budgétaires de l’Etat qui ne lui permettaient plus de s’endetter auprès d’institutions financières internationales. En effet, la survenance de la crise économique en 1987, du fait de la chute des cours mondiaux de nos principales matières premières d’exportation, a stoppé le développement des investissements du secteur de l’électricité qui étaient exclusivement adossés sur les recettes de l’Etat. Ainsi, entre 1990 et 2006, aucun nouvel ouvrage de production hydroélectrique ainsi qu’aucun autre investissement majeur dans le réseau de transport ne seront exécutés. Il en est de même pour les projets de transport d’électricité tels que l’augmentation des capacités de transformation et le bouclage des principales villes de notre pays. Cette période de stagnation aura des conséquences majeures au début des années 2000 où, pour la première fois, le mot délestage sera prononcé du fait d’un déséquilibre structurel entre l’offre et la demande en électricité ».
C’est fort de ce gap important que, suivant les explications du minee, le gouvernement a pris des mesures conséquentes, pour améliorer l’approvisionnement des populations en électricité, dans les trois réseaux interconnectés du pays, que sont le Nord, le Sud et l’Est. Gaston Eloundou Essomba ajoutera par ailleurs que : « Globalement, ce sont davantage les difficultés liées à la surcharge des équipements de transport et de distribution, qui sont à l’origine des interruptions de l’électricité. Certains équipements de transport et de distribution sont aujourd’hui surchargés, notamment les transformateurs qui sont sollicités au-delà de leur capacité. Cette situation engendre des déclenchements des lignes, suivis des rationnements (délestages). Des interruptions de courant interviennent également lorsqu’il y a des travaux de maintenance sur les lignes de transport. Dans le domaine de la distribution de l’électricité, l’une des causes des délestages résulte de la chute des poteaux bois utilisés par le Concessionnaire Eneo. En effet, 60% sur un parc de 1 300 000 poteaux sont à remplacer sur l’ensemble du territoire national. Ainsi, environ 31 000 poteaux béton ont été installés entre 2019 et février 2022 ».
Le gouvernement explique également que les changements climatiques, occasionnent des périodes d’étiages sévères qui font baisser considérablement l’hydrologie des fleuves sur lesquels sont installés des barrages hydroélectriques, notamment sur le fleuve Ntem, qui a des incidences sur le barrage de Memve’ele, avec une baisse de production allant de 90 Mw à 30 Mw. Il en est de même pour le barrage de Lagdo, qui est passé de 72 Mw à 9 Mw pendant cette période d’étiage. D’où ces d’déséquilibres criards entre l’offre et la demande enregistrés dans le réseau interconnecté Sud (Ris) et le réseau interconnecté Nord (Rin).
Après ce diagnostic presque alarmant, le ministre rassure tout de même l’opinion, à travers une batterie de mesures prises par le gouvernement : « Pour adresser la question de déficit structurel entre l’offre et la demande de production en électricité, la stratégie du gouvernement a consisté à développer dans l’urgence plusieurs ouvrages importants. C’est ainsi qu’on va assister à un accroissement de l’offre de production basée principalement sur des solutions thermiques. C’est le sens de la mise en service des centrales thermiques de Limbé, d’une puissance de 85 Mw (pour soutenir la demande dans les Régions du Sud-Ouest, du Littoral et du Nord-Ouest), de Bamenda (20 Mw), de Dibamba à Douala 86 Mw, d’Ahala à Yaoundé (60 Mw), de Mbalmayo (10 Mw) et d’Ebolowa (10 Mw) et de la centrale à gaz de Kribi (216 Mw). Cependant, conscient des coûts onéreux de la production à partir des centrales thermiques, l’Etat s’est résolu à développer une stratégie d’accroissement de l’offre de production à partir de l’hydroélectricité à travers les projets de Lom Pangar (30 Mw), Memve’ele (211 MW), Mekin (15 Mw) et Nachtigal (420 Mw). A moyen terme, des projets en cours de maturation seront mis en œuvre, à l’instar de la centrale thermique à gaz de Limbé (350 MW), et les barrages hydroélectriques de Grand Eweng (1000 MW), Chollet (600 MW), Kikot (500 MW), Katsina Ala (285 MW), Menchum (72 MW), etc… sans oublier le projet hydroélectrique de Bini à Warack, d’une capacité de 75 Mw ». Il s’agit des investissements lourds et importants dans le secteur de l’électricité qui représentent un peu plus de 3 500 milliards de FCFA, soit 2 000 milliards en production, 1 000 milliards en transport d’électricité et 500 milliards dans la distribution de l’électricité.
Secteur eau potable
S’agissant de l’approvisionnement en eau potable au Cameroun, le minee affirme : « qu’en milieu urbain et péri-urbain, 213 centres ont été confiés à la Camwater par l’Etat, parmi lesquels 116 sont exploités. Ainsi, il a été question pour la ville de Douala, de la mise en service de la station de production de Yato 2, en 2014, et de onze forages d’exploitation pour une production supplémentaire de 130 000 m3/jour soit, une augmentation de près de 130% des capacités installées en 2014. Au niveau de la ville de Yaoundé, les travaux de renforcement de la desserte en eau ont permis l’extension de la capacité de production de la station d’Akomnyada et la réhabilitation de la station de la Mefou portant la capacité opérationnelle de 100 000 m3/jour à 185 000 m3/jour. Soit une augmentation de 85% entre 2014 et 2018. En outre, le gouvernement est en train de mettre en œuvre un important projet d’alimentation en eau potable de la ville de Yaoundé et ses environs à partir du fleuve Sanaga (PAEPYS), dont l’achèvement des travaux est prévu pour fin 2022. Ce projet permettra d’apporter une production supplémentaire de 300 000 m3/j, extensible à 400 000 m3/jour. L’alimentation en eau potable de la ville de Douala et de ses environs à travers le fleuve Wouri, pour apporter un supplément d’eau potable de 400 000 m3/Jour, est en cours, et le Chef de l’Etat a déjà donné des instructions dans ce sens ».
C’est dire, d’après ces éclairages du gouvernement, qu’un véritable plan Marshall est en marche au Cameroun, pour sortir les populations de cette spirale infernale des délestages, d’ici l’horizon 2025.
Samuel Bondjock
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