L’ abbe Messina Emilien est mort au petit matin de ce 15 mars 2023, à Bertoua, étant en privation de liberté. Il n’a jamais été jugé devant les tribunaux camerounais. C’était un présumé innocent que l’Église, par contre, a damné. Avant même que les faits à lui reprochés n’aient fait l’objet de l’appréciation des juridictions pénales, tel un torchon l’abbé Messina a été lâché par cette Église à laquelle il a donné sa vie.
Le prêtre est celui dont la chair peut être cruellement mordue par le monde avec le silence voire l’indifférence de son Église. Il faut le dire. C’est ce qui s’est passé à Bertoua.
Le prêtre est pris à une famille lorsque tout va bien. Mais, au moment de la détresse, il n’y a que sa famille pour lui voler au secours. En effet, l’abbé Messina n’avait plus que ses pauvres frères et sœurs à son chevet au moment où il agonisait. Il n’est pas mort entre les mains de cette Église à laquelle il a promis fidélité.
Le prêtre est celui sur qui réussissent les pires intrigues de ce monde sans que personne ne doute des rumeurs en cours. L’ abbe Messina était pourtant un bon curé de cette Église. C’est parce qu’il était efficace qu’il exerçait en plein centre ville. C’est en raison de son dévouement que l’Eveque le préférait non loin de lui. Mais, sur la base des rumeurs dont aucune certification n’a été faite jusqu’à ce jour, l’abbé Messina a été traité comme un voyou voire un criminel.
Le prêtre mérite-t-il autant de cruauté ? Que font ses confrères lorsque tout lui va mal ? Pourquoi son évêque se montre indifférent alors que l’abbé avait sa confiance ? Les choses doivent-ils en être ainsi ?
Sommes-nous si mal traités parce que nous sommes des prêtres nègres ? Les pédophiles venant d’ailleurs sont protégés et sont remis à leurs États comme ce fut le cas dans le diocèse même de l’abbé Messina. Nous, par contre, parce que noirs de peau devant nos supérieurs tout autant noirs que nous, sommes réduits à des ordures : une fiente dans laquelle on ne trempe pas la main suite à de simples rumeurs.
Nous ne sommes pas une Église vraie. Nous avons laissé mourir un prêtre. Nous l’avons vendu à ses calomniateurs. Nous l’avons jeté en pâture à un monde qui a soif du sang des prêtres que l’Eglise ne protège d’ailleurs pas.
Au nom de ma foi en Jésus-Christ et de ma conscience sacerdotale, je condamne la mort de l’abbé Messina et je demande que la lumière soit faite sur le dossier pour lequel il a été réduit à une simple ordure au point de ne plus bénéficier de la moindre attention de son Eglise.
Abbe Jean Armel Bissi, prêtre et enseignant de philosophie.
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