L’ abbé Timothee Noah Medzo est prêtre de l’Archidiocese de Yaoundé depuis 1985. C’ est le tout premier curé des paroisses de Afanetoana et Ngoandi-Mbele créées en 1991 par Mgr Jean Zoa, premier Archevêque camerounais. Il y a passé sept années de mission dans l’ensemble éprouvantes.
C’est lui qui a construit le joli presbytère de cette paroisse. Lui-même, selon les fidèles, a fait les fouilles des fondations. C’est lui qui monte le plan de l’église paroissiale. C’est encore lui qui commence la paroisse de Ngoandi-Mbele et la monte jusqu’à la phase des finitions.
En pays Mvele, l’ abbe Noah Medzo est un éléphant blanc : un des plus grands bâtisseurs de la zone. Il aura aussi été le curé de Messa-Mvele : cette autre paroisse dans Laquelle j’ai fait le stage canonique sous le curé Antoine Owona. Le souvenir de l’abbé Noah Medzo à Messa-mvele fait de lui le fondateur du forage de la paroisse. C’est encore ce prêtre qui fait un très grand champ d’ananas dans cette paroisse et dont il n’aura goûté à aucun fruit puisqu’il est débarqué de ce poste missionnaire avant les récoltes.
Homme affable, gentil et humble, l’abbé Noah Medzo est une des plus grandes figures de l’Archidiocese de Yaoundé à la fin des années 90 et le début des années 2000. En plus d’être un bâtisseur, il est aussi un intellectuel qui n’a jamais voulu rompre avec ses origines modestes : celle d’un africain issu des milieux paysans. Après ses études de spécialisation en théologie liturgique à Paris, l’abbé est resté un prêtre qui travaille de ses propres mains autant qu’il est pointu dans la rédaction de certains documents religieux.
Si l’abbé Noah Medzo n’avait pas été prêtre, lancer une paroisse dans un contexte aussi rugueux que celui de Afanetoana et Ngoandi-Mbele n’aurait pas réussi à Mgr Jean Zoa. L’ abbe arrive dans cette contrée sans aucun logement. Il fait bâtir un hangar pour les célébrations eucharistiques et squatte chez un laïc puisque le presbytère n’est pas encore fait. Il aurait pu bouder cette affectation. Mais, il prend le taureau par les cornes en allant élire domicile chez les Mvele, un peuple aimable mais lésé par les politiques publiques jusqu’à ce jour. En effet, Afanetoana et Ngoandi-Mbele sont à 35 km de Yaoundé, la capitale, mais très loin des facilités du monde de la ville. L’ eau potable est une denrée rare. L’ électricité est une illusion jamais expérimentée. Les ondes de radio sont éphémères surtout en journée. La piste du coin est impraticable en saison sèche, à cause des nuages de poussière, et en saison des pluies vu la boue. Les gens y sont très pauvres et ne vivent que de la terre. Le cacao est la seule richesse du coin et ne se vend qu’une seule fois par an. C’est un village différent des autres : aucun gros bonnet de la république, pas une élite politico-administrative bref un coin dans lequel tout est à attendre.
S’il faut punir un prêtre, il vient à l’esprit des malins de la mission ecclésiale de l’affecter à Afanetoana. Telle n’est cependant pas l’intentionnalite de Mgr Jean Zoa en 1991. En effet, cet Archevêque offre à l’abbé Noah Medzo une double cabine neuve et un appui financier mensuel qui passe de 20.000 frs à 80.000 frs durant son séjour à Afanetoana. L’ abbe Noah Medzo ne se sent non plus puni puisqu’il arrive dans cette paroisse avec des idées fermes et heureuses.
Si le peuple Mvele a deja tout oublié de ce prêtre , qu’il n’oublie pas celui qui lui a fait avoir de l’eau potable en plein terrain aride. Si l’Archidiocese de Yaoundé a déjà tout oublié de ce prêtre, qu’il se souvienne du presbytère de Afanetoana et de l’église paroissiale de Ngoandi-Mbele pour chanter un joyeux 38e anniversaire d’ordination sacerdotale à ce confrère actuellement en service au diocèse de Meaux en France.
Abbé Jean Armel Bissi, prêtre et enseignant de philosophie (Cameroun)
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