La seconde journée de la Conférence Internationale du Cerdotola (CIC 2022), qui se tient au palais des congrès de Yaoundé du 25 au 28 octobre 2022, portait essentiellement sur la réforme des systèmes de pensée, pour le bon fonctionnement de la société africaine de demain.
Le banquet intellectuel organisé par le Centre International de Recherche et de Documentation sur les traditions et les langues africaines (CERDOTOLA), portait ce 26 octobre 2022, sur la nouvelle pensée africaine au service de l’éducation et le recherche et du vivre ensemble. Les réflexions menées autour de cette nouvelle pensée africaine des savoirs et de l’être, pour une refondation de l’éducation et la recherche, ont fait couler beaucoup d’encres et de salives. À cet effet, plusieurs imminents Hommes de sciences, se ont fait entendre leurs voix. Au premier rang desquels, Mareme Touré – Thiam, du bureau de l’UNESCO à Dakar au Sénégal, qui s’est attardé, sur la nécessité de décoloniser la recherche en Afrique. Gaston Kelman, quand à lui, s’est appesanti sur le fondement de la renaissance et l’enjeu identitaire post-aliénation. Selon Nkolo Foé, il faut développer les mythes fondateurs de la renaissance et des sciences sociales africaines, pour une révolution de la pensée et de l’action transformatrice.
Théophile Pandey, jette son dévolu sur la médecine, et s’exprime sur les éléments et perspectives d’une nouvelle pensée africaine, avec des pratiques médico-pharmaceutiques africaines. Anita Diop, parle de la culture comme clé de la nouvelle pensée africaine. Les langues africaines, ont également la part belle dans le processus de transmission et de refondation du système éducatif africain, selon Aliou Mohamadou.
Les échanges sur de nouveaux imaginaires africains et une nouvelle pensée psychologique africaine, ont mis un accent sur les connaissances et les capacités mystiques africaines, pouvant être source d’exploits scientifiques.
La nouvelle pensée africaine du vivre ensemble, pour réinventer le lien social, la politique et les institutions, a été menu des échanges, sous deux angles principaux.
D’une part, il a été question de s’attarder sur les problématiques de construction de la paix, de la coexistence et de l’universalité, soutenus respectivement par le Pr Mathias Éric Owona Nguini, le Pr Jean Felix Yekobo, le Pr Henri Yambene Bomono, le Pr André Mboule, le Pr Brook Temesgen Tegegne et le Pr Wenceslas Betu Mulumba. Suivant ces exposés, il en ressort qu’à partir de l’archéologie linguistique, basée sur la langue égyptienne, que l’Afrique a de quoi alimenter le débat de l’universalité. Le mode d’accès aux terres ayant évolué, il fallait passer du paradigme de remplacement, vers celui de l’adaptation, pour mettre fin aux conflits émanant de la gestion du foncier. Selon ces intellectuels africains, il faudrait également se réapproprier la philosophie humaniste, dénommée « Ubuntu ».
D’autre part, la nouvelle pensée du vivre ensemble, pour réinventer le lien social, la politique et les institutions était orienté sur les questions d’adéquation, de méthode et de prospects. Le parterre d’experts était composé des professeurs Lewis Ricardo-Gordon, Sara Liwérant, Urbain Amoa, Jean Emmanuel Pondi et Tom de Herdt.
Ces conférences se sont achevées, avec la palabre scientifique vespérale, autour de la leçon d’orientation du Pr Charles Binam Bikoï, axée sur la thématique : « quelle nouvelle pensée pour quel bon gouvernement des sociétés et de la science, dans une Afrique nouvelle ? ».
Dans son propos, le professeur a mis l’accent sur les caractéristiques de la nouvelle pensée africaine, son déploiement et son rôle. Ainsi, ce sera une pensée de rupture avec les pseudo-nouvelles pensées, pour être une pensée libératrice et émancipatrice, pour un bon gouvernement. Sa doctrine doit être endogéniste, ses priorités endogènes et fondées sur une approche basée de façon privilégiée sur les activités endogènes. Ses opérations seront innovantes, ses actions sociales et sociétales se réalisant dans de nouveaux modes culturellement ancrés de règlements collectifs et associatifs des dilemmes de coordination. Elle doit impérativement être pensée par des penseurs et générer des sociétés de transformation. A cet effet, la tache de la nouvelle pensée est de faire advenir un avenir viable pour les sociétés futures. Elle se pose comme système d’émancipation qui libère nos institutions de la pensée formelle et de ses effets de gouvernement néfastes. La nouvelle pensée en Afrique interroge les retards de développement. Elle est et sera au service du bon gouvernement des idées, des sociétés et des sciences en Afrique. Elle aura pour rôle de réorienter le pouvoir, limiter ses abus, construire des vies dignes d’être, des vies pleines de sens, qui laissent un exemple de comportement véritable. Le secrétaire exécutif du cerdotola, achève son mot, en exprimant la vision d’une Afrique radieuse et prospère en ces termes : « La nouvelle pensée africaine ouvre un avenir à l’Afrique que nous voyons de fleur et de lumière. »
Rosine Yémélé
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