Les exploitants et commerçants de bois de la ville de Kribi font face ces derniers temps à la rigueur de l’administration, décidée à faire régner l’ordre dans ce secteur d’activité.
Il est 13 heures ce mercredi 20 novembre 2024 à Kribi. Le soleil est au zénith ; et au lieu-dit marché artisanal du bois d’Afan-Mabe, dans le 2e arrondissement de la cité balnéaire, un calme de cimetière prévaut. Le bruit assourdissant des machines habituel a laissé place à quelques sifflements d’oiseaux. Le va-et-vient des camions de transport du bois n’est nullement perceptible. Les restaurants de fortune, situés tout autour n’ont pas vu passer l’ombre d’un seul client. On se rend à l’évidence qu’il y a cessation d’activité de la part des propriétaires de ces lieux. À l’unisson, ils ont décidé de fermer boutique. Le temps d’accorder leurs violons avec l’administration en charge des forêts et de la faune de l’Océan ; mais aussi, avec les forces de police et de gendarmerie.
Dans les coulisses, transformateurs et dépositaires de bois habitués du site observent depuis trois jours un mouvement de grève. Réunis au sein d’une association, ils accusent les agents des forêts et de la faune, ainsi que les forces de police et de gendarmerie : «d’arnaque et de corruption».
Dans une interview accordée aux médias locaux, le président de l’Association, Jean Messi Eyanga, affirme urbi et orbi : « qu’un camion de bois de 20 tonnes dépense pratiquement 600 mille Fcfa pour franchir différents postes de contrôle ». Et que cette somme peut aller jusqu’à 850 mille Fcfa pour une calabraise et se situe à 300 mille Frs pour un véhicule utilitaire de marque Dyna. Des accusations taxées de fallacieuses et rejetées en bloc par les concernés.
La centaine d’exploitants et de commerçants de bois de la ville de Kribi, proteste ainsi à cause de ce que le Président de leur association qualifie : « d’abus de fonction pour les corps des forêts et de la faune, ainsi que des forces de police et de gendarmerie, qui ne cessent de prendre de l’argent sans reçus ».
L’affaire a été portée à l’attention du Préfet du département de l’Océan, Nouhou Bello, qui doit ramener toutes les parties à de meilleurs sentiments. Car, si les exploitants de bois dénoncent les abus de quelques agents de contrôle, il n’en demeure pas moins que de leur côté, nul ne peut montrer patte blanche. Les conclusions de la séance de travail organisée mercredi dans l’après-midi par le Préfet sont claires : le retour à l’orthodoxie doit prévaloir sur les intérêts égoïstes.
La réglementation foulée au pied.
Dans une ville de Kribi où la croissance économique est sans cesse galopante, le secteur du sciage artisanal, de l’abattage et du tronçonnage de bois sur pied, prend des proportions inquiétantes dans les forêts environnantes. Des scieurs amateurs sillonnent les forêts, sans titres d’exploitation, à la recherche d’essences rares. Ils approvisionnement le marché noir local et les pays voisins via des réseaux de contrebande.
Faisant une déclaration à la presse relativement à cette situation, KOUNG Roger, Ingénieur Général des Eaux et Forêts, par ailleurs Délégué Départemental des Forêts et de la Faune pour l’Océan précise que : « Nous avons sensibilisé sur la nécessité d’exercer en toute légalité. Nous recevons des instructions de la hiérarchie. Les ONGs tirent à boulets rouges sur le gouvernement prétextant que c’est lui qui favorise l’exploitation illégale du bois. Le Ministre des forêts et de la faune, Monsieur Jules Doret Ndongo, nous donne des instructions au niveau de la base. Depuis deux mois, après avoir sensibilisé sur la nécessité d’exercer en toute légalité, nous avons bouclé la ville de Kribi. Aucun bois illégal n’entre. Du moment où tous les dépôts sont asséchés, cela voudrait dire que tout le bois qui y était vendu était du bois illégalement exploité. Les exploitants ont des possibilités d’avoir des documents. Mais pour le moment, leurs documents sont périmés. Il faut actualiser. Nous ne pouvons pas permettre à ce que le bois continu d’entrer dans les dépôts illégalement. La présence de ce bois doit être justifiée par la lettre de voiture. Nous recevons des contrôles. Si l’on trouve 1000 m³ de bois dans un dépôt, sans lettre de voiture, cela voudrait dire que nous sommes complices. Nous ne sommes pas là pour la répression mais malheureusement nous ne sommes pas écoutés ».
Landry TYAGA à Kribi.
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