Le 06 juillet 2023 s’est tenu à Yaoundé, précisément à la bibliothèque La Maison des Savoirs, sise à Etoudi, un atelier d’écriture autour du livre « Quand les racines chantent » de l’écrivaine Danielle Eyango.
L’atelier organisé par Ray Ndébi et Pauline Ongono, tous deux promoteurs littéraires à travers les agences ONOAN et ACOLITT, avait pour but de sensibiliser et former les participants sur la façon d’écrire, ou encore de faire de la littérature en Afrique. Il avait pour thème « écrire l’Afrique ».
Selon Danielle Eyango et Ray Ndébi, la plus part des écrivains africains « écrivent sur l’Afrique ». Ce qui est différent d’écrire l’Afrique. La différence réside dans la façon de donner le détail et le style d’écriture. En effet, pour Danielle, écrire l’Afrique c’est tenir compte des réalités africaines dans sa façon de raconter. C’est de donner les détails en utilisant véritablement les faits et gestes spécifiques à l’Africain. Ainsi, il serait difficile de voir un roman africain qui ne soit pas hybride, c’est-à-dire un savant mélange de roman poésie, roman théâtre ou même les trois comme c’est le cas dans son dernier livre intitulé « Quand les racines chantent ». Ceci émane tout naturellement de l’auteur quand il se laisse guider par le réel, par ses tripes. Car il s’agit d’écrire le naturel de l’Afrique, tout naturellement. Pour l’écrivaine, « décrire l’environnement, les décors, n’est pas inutiles dans un roman. C’est même cela qui donne une tension au récit et connecte le lecteur ». Ecrire l’Afrique c’est « assumer l’Africain qu’on est » selon Danielle. C’est par exemple arrêter de faire parler un personnage villageois comme un intellectuel ; c’est écrire les interjections, les exclamations, les chants et les proverbes (en langues locales) propres à l’Africain à travers ses personnages. C’est sortir du complexe d’infériorité et s’affirmer, se décrire tel qu’on vit. Ecrire l’Afrique c’est sortir de l’héritage littéraire qui voudrait que les africains écrivent comme Molière, Victor Hugo, etc. l’Afrique est chant, poésie, théâtre dans tous ses aspects de vie: tristesse, joie, etc. Ecrire l’Afrique, ou alors, à écrire naturellement, les écrivains africains vont se retrouver à enchâsser poésie et théâtre dans un roman. C’est ce qui fait la particularité et l’authenticité de l’oeuvre.
Danielle Eyango est co-auteure de plusieurs œuvres et auteure des livres « Kotto Bass, comme un oiseau en plein envol », « Le parfum de ma mère » et « Quand les racines chantent ». Au terme de cet atelier fort édifiant, le public venu nombreux, constitué d’adolescents et d’adultes passionnés de littérature en sort grandi et armé d’une nouvelle piste de travail, car Danielle Eyango n’a pas manqué de partager, quelques astuces de la « littérapie», l’art de se soigner par l’écriture qu’elle promeut. L’auteure est convaincue que « les Africains depuis les temps, ne font pas l’art pour l’art ».
Rosine Yémélé
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