Le 17 avril 2025, au Hilton Hôtel de Yaoundé, s’est tenue une session inaugurale de haute portée symbolique et stratégique. Il s’agit du Comité de facilitation pour la mise en œuvre de l’agenda climat. Un moment clé dans l’histoire de la gouvernance environnementale au Cameroun, placé sous la houlette du Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED).
En ouvrant ces travaux, le ministre Hele Pierre a livré une déclaration sans détour sur l’état d’avancement de l’engagement climatique du Cameroun. Il a rappelé que depuis l’Accord de Paris, le pays s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, ces engagements, aussi ambitieux soient-ils, demeurent insuffisants, s’ils ne sont pas traduits en actions concrètes, coordonnées et suivies. C’est précisément pour combler cette lacune que ce comité de facilitation a été créé.
En effet, le Ministre a souligné que l’approche antérieure, reposant uniquement sur les actions de son département ministériel, avait montré ses limites.
Le manque de coordination avec d’autres acteurs clés, notamment les ministères des Finances et de l’Économie, freinait la mise en œuvre efficace des engagements pris. C’est donc dans une logique de transversalité que le Comité a été conçu, intégrant tous les secteurs stratégiques, afin de créer une plateforme unique de concertation et d’action.
Cette dynamique inclusive vise à assurer un pilotage technique, opérationnel, financier et évaluatif rigoureux. Le Ministre Hele Pierre a insisté sur le fait que ce dispositif permettra d’éviter les erreurs du passé, en garantissant une collaboration étroite entre les parties prenantes. Il a également fait remarquer que les effets du dérèglement climatique ne sont plus des projections théoriques, mais une réalité quotidienne au Cameroun.
La baisse des rendements agricoles, les sécheresses prolongées, les inondations et la dégradation des écosystèmes, sont autant de signaux d’alerte que l’État ne peut plus ignorer.
Dans ce contexte, le Comité de facilitation représente un outil de gouvernance novateur, capable d’orienter de manière stratégique les actions climatiques du pays. En même temps, il constitue une réponse structurée aux exigences des partenaires techniques et financiers.
Le Ministre a notamment évoqué la nécessité de rassurer les bailleurs comme la Banque mondiale, ou le Fonds vert pour le climat, sur la bonne utilisation des financements mobilisés. Il a précisé que seuls les pays capables de prouver la cohérence et l’efficacité de leurs dispositifs de mise en œuvre peuvent espérer bénéficier durablement de ces soutiens.
Ainsi, la vision portée par le MINEPDED ne se limite pas à la mise en place d’un Comité, mais s’inscrit dans une ambition plus large : celle d’élaborer un Plan Climat national cohérent, suivi de manière rigoureuse par les administrations concernées. Ce plan, appuyé par des mécanismes de financement innovants et des outils de suivi-évaluation modernes, devra permettre au Cameroun de renforcer sa résilience face aux impacts du changement climatique, tout en contribuant à l’effort mondial de réduction des émissions.
Au demeurant, la tenue de cette session constitue un signal fort. Le Cameroun entend sortir de la logique de déclarations pour entrer dans celle de l’action coordonnée. Dans un contexte africain marqué par la vulnérabilité, cette initiative pourrait bien inspirer d’autres pays de la sous-région, en quête de solutions concrètes et durables face à l’urgence climatique.
Rosine Yémélé
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