Mgr Atanga ne croit pas à son prêtre, autant qu’il ne croit pas à la justice de son pays. Tel est le sentiment que j’ai eu en lisant sa sanction sur l’abbé Emilien Messina : un jeune prêtre qu’on accuse d’avoir violé une fille de 14 ans à Bertoua (Cameroun) ; et de lui avoir transmis le VIH SIDA. Mgr Atanga vient de le suspendre de toute fonction sacerdotale, en fondant sa décision sur des prétentions non encore confirmées par le juge Camerounais.
Si Mgr Atanga croyait à son prêtre, il aurait pu attendre que l’enquête en cours devant la justice aboutisse, avant de le sanctionner. En effet, on peut accuser un prêtre des faits qu’il n’a pas commis. Or, Mgr semble avoir cédé à la pression de la foule. Comme Ponce Pilate, il s’est lavé les mains.
De même, si Monseigneur croit à la justice de son pays, il aurait aussi attendu que le juge se prononce avant de donner la suite canonique y afférente. Or, en l’état actuel des choses, sa décision motive plutôt celle que devra rendre le juge étatique sur une affaire que son prêtre peut n’avoir pas commise, puisque sa culpabilité n’est pas encore etablie. Des sources concordantes attestent d’ailleurs que l’Abbé Emilien Messina n’est pas séropositif, du fait d’un test de VIH qu’il a passé après les accusations portées contre lui et dont le résultat circule sur les réseaux sociaux. Des bouches moins autorisées révèlent aussi que la plaignante n’a pas 14 ans. En ce moment précis, rien ne devrait donc encore fonder la décision canonique que vient de signer Mgr Atanga.
Comme prêtre et citoyen, la note de Mgr Atanga me révolte. On ne demande pas de couvrir le péché. Mais, toute personne a droit à un procès équitable. La décision de Mgr Atanga expose son prêtre à défaut de le vendre à un monde dans lequel la figure du prêtre est à bannir. Qu’est ce qui ne se fait pas entendre aujourd’hui à l’endroit des prélats catholiques relativement aux questions de sexualité ? Tout un Évêque a été labouré au Cameroun ces derniers mois par un activiste qui l’accuse d’avoir une femme et quatre enfants en Hollande. Mais, cela n’a jamais suffi pour que le Saint Siège retire cet Évêque de son siège épiscopal. Aucune preuve n’étant etablie, le Saint Père ne s’est jamais prononcé sur ces faits calomnieux. Pourquoi Mgr Atanga ne doit-il pas faire pareil, tant que les preuves incriminant l’abbé Emilien Messina ne sont pas établies ?
Il nous faut tous dénoncer toutes les formes d’injustice qui contrarient l’Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ, tant au sein de l’Eglise qu’en dehors. Aucun serviteur de Dieu ne doit être livré en pâture à des mensonges ou encore à des artifices criards. En effet, tant que le juge Camerounais ne s’est pas prononcé sur l’abbé Emilien Messina, toutes les accusations portées contre lui sont contestables et ne devraient pas motiver un désamour du clergé à son endroit.
Abbé Jean Armel Bissi, prêtre, enseignant de philosophie, diplômé de la 59e promotion de l’Ecole Normale Supérieure de Yaoundé, licencié en droit public et en droit privé, master en philosophie (éthique et philosophie politique).
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