Tout s’est ébranlé comme une traînée de poudre il y a quelques jours : un prêtre viole une mineur de 14 ans et lui transmet le VIH à Bertoua ( Cameroun). C’est une actualité qui bouleverse beaucoup de fidèles de l’Eglise catholique, mais dans laquelle le prêtre est d’office déjà condamné. Dans l’entendement de plusieurs internautes, les hommes en soutane ne peuvent que commettre ce genre de délits, puisqu’ils ne se marient pas et profitent de leur statut pour abuser de la confiance des fidèles.
Si la dénonciation avait porté sur l’homosexualité des prêtres ou sur la pédophilie, on se serait comporté de la même manière. Autrement dit, accusation vaut condamnation. Rien de plus. On n’a plus rien à redire. Il y a donc des stéréotypes qu’on plaque sur certains corps de métiers et qui tuent en nous toute âpreté au raisonnement critique.
Déjà, je plains qu’on accuse le prêtre de viol et qu’on fasse circuler son image et son identité sur les réseaux sociaux, alors que l’enquête de la police est encore en cours. Si jamais, il se retrouve innocenté de ce déshonneur : comment va-t-on faire pour le rétablir dans son honneur ? Va-t-on retirer des réseaux sociaux tout ce qui est dit en ce moment à son sujet ?
Nous faisons confiance à la police. L’idéal aurait été que nous affichions un peu de réserve sur cette actualité tant que l’enquête n’est pas achevée. Personne ne veut pourtant rien savoir du statut sérologique de ce prêtre. Qui s’est à ce moment rendu à ses côtés pour lui proposer un test de dépistage du VIH SIDA ? Est ce que le résultat d’un tel examen a été rendu public ? Que sait-on de la fille plaignante : son statut sérologique est lequel ? Si elle est bel et bien victime du VIH : est-on sûr du lien à établir entre elle et le prêtre ? Depuis combien de temps est-elle sous le coup de cette infection ?
Beaucoup de questions taraudent mon esprit dans ce sens et me poussent à ne rien dire. Les spécialistes des enquêtes criminelles auront en charge de livrer à l’opinion publique nationale et internationale les résultats de leur expertise. Ils sont mieux outillés que nous autres pour dépister les éventuelles incohérences de cette actualité.
Mais, on sait déjà d’office à quelle sauce on mange les prélats catholiques dans notre société actuelle. Quand on a des comptes à leur régler, on affiche des accusations sordides : homosexualité, viols, pédophilie, adultère, inceste etc. Tout cela tourne toujours autour du sexe. En effet, c’est dans le sexe qu’on enterre le prêtre aujourd’hui pour la seule raison qu’il en a renoncé. Un engagement d’honneur devient un motif de honte. C’est le Diable seul qui tire profit de cela.
Dans la fraternité sacerdotale qui me lie à l’abbé Messina actuellement en détention, je lui souhaite de se remettre à Jésus-Christ. S’il est sous le coup des accusations infamantes, Dieu se chargera de faire monter en surface toutes les irrégularités inhérentes. S’il aurait par contre failli comme le laissent croire ses accusateurs, qu’il se laisse transformer de l’intérieur par la Parole de Dieu et les coeurs meurtris de ce dont les larmes coulent en ce moment.
Que toute la lumière sur cette affaire soit faite afin que nous sortions tous de l’embarras dans lequel elle nous plonge en ce moment.
Abbé Jean Armel Bissi, prêtre, enseignant de philosophie, diplômé de l’Ecole Normale Supérieure de Yaoundé, Master en philosophie.
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