Au regard des contre-performances et des résultats négatifs enregistrés par la Société immobilière du Cameroun (SIC), allant jusqu’à plus de 4 milliards de FCFA de déficits budgétaires depuis 2015, l’Etat du Cameroun a entrepris, en date du 8 juillet 2013, la signature d’un contrat plan Etat/SIC, d’un montant de 4 985 000 000 FCFA, pour une période initiale 2013-2015, extensible jusqu’en 2017.
Il est vrai que depuis plusieurs années déjà, la situation financière de la Sic reste une préoccupation majeure pour l’Etat du Cameroun, au regard des différents états financiers présentés depuis 2015. Bilans, comptes de résultats, tableaux de flux de trésoreries, suffisamment inquiétants. Pour illustration, en 2015 par exemple, la SIC affichait un chiffre d’affaire de 3 183 700 274 FCFA, pour un résultat net de – 2 124 360 051 FCFA. En 2016, le chiffre d’affaire était de 2 843 083 671 FCFA, pour un résultat de – 4 400 423 573 FCFA. En 2017, le chiffre d’affaire de la SIC s’élevait à 3 803 838 380 FCFA, pour un résultat de – 3 660 661 155 FCFA. En 2018, son chiffre d’affaire était de 3 088 568 046 FCFA, pour un résultat de – 4 053 674 368 FCFA. En 2019, pour 3 757 895 283 FCFA de chiffre d’affaire réalisé, le résultat est passé à 701 163 635 FCFA, certainement à cause du versement de la subvention de l’Etat, à travers le ministère des Finances, d’un montant de 2 736 251 572 FCFA, relativement à la mise en exécution effective de ce fameux Contrat Plan, salvateur pour cette entreprise, qui a de plus en plus du mal à remplir ses missions régaliennes de production de masse et d’entretien des logements et camps Sic vieillissants, rien à voir avec une quelconque gestion assainie de cette entreprise qui continue à battre de l’aile, malgré la rigueur managériale impulsée par le conseil d’administration. Et en 2020, la SIC a présenté un chiffre d’affaire de 4 407 472 153 FCFA, pour un résultat de 127 982 853 FCFA, en chute libre par rapport à l’exercice précédent.
Conscient de cette situation managériale assez chaotique, le président de la République, Paul Biya, a décidé de porter à la tête de cette structure à capitaux publics, par décrets du 20 aout 2019, un nouveau top management, constitué de la Présidente du conseil d’administration, Célestine Ketcha Courtès, et du Directeur général, Ahmadou Sardaouna. Sauf que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les directions et orientations du conseil d’administration, semblent ne pas être mises en exécution par la direction générale, au regard des différentes réserves régulièrement formulées par la quasi-totalité des administrateurs, lors des dernières sessions, de la 2015ème, à la 2021ème, desdits Conseils. Lesquelles résolutions, après évaluations, affichent des taux d’exécution assez faibles, soient 0% ; 10% ; 30%, ici et là. Et certaines d’entre elles, datent de depuis le conseil d’administration du 26 août 2020. A chacun d’en tirer les conclusions qui s’imposent.
Ces observations formulées étant entre autre que, la contrepartie de la SIC, qui était de 1 075 000 000 FCFA, dans le cadre de la mise en œuvre du contrat plan de restructuration de 2013, n’a toujours pas été entièrement mobilisée. La SIC n’a effectivement mobilisée que 478 000 000 FCFA. Les retards et les non paiements des loyers administratifs, le faible recouvrement des créances de la SIC détenues par le Société de recouvrement des créances (SRC), seraient quelques raisons évoquées. La consommation dans les dépenses de fonctionnement de toutes les ressources locatives collectées par la SIC, notamment, réception, carburant, missions, déplacements, fournitures, télécommunications, primes, gratifications, avantages divers, etc… Un modèle de gouvernance contre-productif selon certains administrateurs, à la lecture et analyse des états financiers. La non maturation des projets pourtant inscrits au budget de la SIC. Les faibles taux de réalisation des budgets de 2019 ; 2020 et 2021 ; soit moins de 60%. La non consommation des budgets d’investissements des exercices 2019, soit 8,48% ; 2020, soit 6,21% et 2021, soit 3,52% ; soit une chute drastique des investissements de l’ordre de 5% entre 2019 et 2021. Alors que les budgets de fonctionnement sont substantiellement consommés à plus de 50%. Les 2 milliards reçus du Contrat plan auraient pourtant pu aider à lancer un ou deux chantiers de logements décents et à coûts abordables, mais hélas. La mauvaise orientation des dépenses de la SIC, qui ne vont, ni vers des éléments productifs des logements attendus par le Président Paul Biya, ni vers l’entretien du patrimoine et des camps Sic existants. L’augmentation exponentielle de certains postes de dépenses de consommations de la direction générale, faisant l’objet des restrictions du conseil d’administration. Les différentes exécutions des budgets de la SIC depuis 2019, en terme de fonctionnement et d’investissement, n’ont curieusement jamais atteint les 5 milliards, alors même que les prévisions budgétaires vont parfois jusqu’à 19 milliards de FCFA. D’où la résolution de la 221ème session du conseil d’administration du 31 décembre 2021, de plafonner le budget 2022, à 7,5 milliards, soit 3 milliards pour le fonctionnement et 4,5 milliards pour l’investissement, compte tenu de la faiblesse et des contre-performances des états financiers des exercices antérieurs. C’est dire combien les clignotants sont au rouge, pour une demande nationale qui affiche un déficit de 2 millions d’unités de logements.
A la suite de ces indicateurs économiques, le classement et le rapport 2021 de la commission de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic, restent vivement attendus.
Samuel Bondjock
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