Si nos témoins de la foi en Christ faisaient souvent l’objet d’autant d’attention que ceux qui sont connus loin de nous, on dirait moins du christianisme qu’il est une religion peu féconde pour notre univers particulier.
Un jeune cadet prêtre vient de retourner à Dieu en laissant derrière lui un témoignage de foi riche en enseignements. Ordonné prêtre du diocèse d’Ebolowa ( Cameroun) il y a quelques jours seulement, il aura commencé le service auquel il aspirait avant de rendre l’âme sous l’accompagnement de son Évêque, Mgr Philippe Alain Mbarga, de ses valeureux confrères et de sa famille.
Alors qu’on lui découvre une grosse tumeur au cerveau à la fin de ses études au grand séminaire, l’ abbé Justin Éric Ava n’a pas cédé au jeu de la peur ou à l’affolement du désespoir. Il a accepté son sort et a voulu que tout se passe selon la volonté de Dieu.
Les larmes qu’on laissait couler à son chevet n’étaient d’aucun réconfort à son endroit. Je ne veux pas vous voir malheureux disait-il à entendre ses proches. C’est sans doute le couronnement du don total de sa personne à Jésus-Christ qui se laissait voir devant ces paroles.
Au jour de son ordination, on voit la splendeur de son âme surplomber la maladie dans laquelle gît son corps. Les images de son jour d’ordination sont parlantes. Il n’est pas hanté par l’euphorie des périphéries de la grâce sacerdotale : les cadeaux, les premières messes ou encore le ministère à entreprendre. Il n’a sa joie que dans cette coupe remplie de vin et dans cette hostie qu’il va désormais consacrer pour qu’elles deviennent corps et sang du Christ.
S’il doute de son aptitude à se tenir debout en ce moment où il est réduit sur une chaise roulante au lendemain de son ordination, il sait cependant qu’il a une mission : celle de témoigner de sa foi devant ses proches. C’est sa bonne humeur qui égaie ceux qui vont à lui. C’est son attachement à sa piété sacerdotale qui séduit ceux qui le voient en ces tristes moments. C’est son assurance en Christ au plus profond de la peine qui le broie qui hante toute personne proche de lui.
S’il peut célébrer, il sait que sa situation n’est pas unique. Il peut donc dire aux autres : » Priez pour moi autant que moi aussi je prie pour vous ». Il ne se sent pas seul. Il est sûr du lien mystique qui l’unit à l’église priante.
Sa personne redore le blason d’un clergé lynché ces derniers temps sur la toile et autres médias consécutivement à diverses accusations engageant son honorabilité. L’ abbé Justin Éric Ava laisse derrière lui l’image d’un prêtre dont l’épreuve laisse grimper une foi sincère et solide en Jésus-Christ .
Son histoire fera certainement plaisir à beaucoup d’autres personnes qui souffrent en ce moment sans voir venir un moindre apaisement dans leur difficile condition. L’ abbé Ava vient de traverser ce chemin avec foi et fidélité en Christ.
Sa mort n’est donc pas une fatalité mais le couronnement d’une fidélité profonde à Jésus-Christ. S’il est resté attaché au Christ malgré les souffrances endurées dans une chair qu’il a assumée sans regret, combien plus ne sera-t-il pas uni à lui en ce moment où il est libéré de ce corps fragile et qu’il vit dans une condition plus accomplie ?
M. L’abbé Justin Éric Ava, reposez en paix. Que votre témoignage excite en nous plus de fidélité encore au Christ, chacun selon son destin.
Abbé Jean Armel Bissi, prêtre et enseignant de philosophie ( Cameroun).
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