Dans une Tribune libre, la psychologue écrivaine Rosine Yémélé nous permet de comprendre la recrudescence des assassinats des femmes au Cameroun ces derniers jours.
« 15 femmes assassinées en moins de 52 jours » est le constat froid et alarmant fait par une presse locale. La succession ou la répétition des crimes peut créer une psychose chez la population, d’où l’importance d’identifier les causes afin d’arrêter l’hémorragie. La psychologue, Rosine Yémélé en dit plus.
Il est vrai que les crimes et meurtres ne sont pas une première dans notre pays. L’avènement des réseaux sociaux et la multiplicité des média d’information favorisent la propension de la nouvelle, non seulement en temps réel, mais aussi sur le territoire et au-delà. Un fait qui n’exclut pas la nécessité de comprendre la situation. Les assassinats récents font état du meurtre de femmes en majorité.
Les facteurs socio-économiques
Loin d’être une affaire de sexe faible, les femmes sont de plus en plus assassinées à cause de plusieurs raisons émanant des choix qu’elles font. Les femmes qui sont tuées par leurs partenaires sont soit victimes de violence conjugale devenue habituelle, soit victime de leur propre turpitude. Beaucoup de femmes aujourd’hui se mettent en couple par intérêt, après avoir fait des calculs démontrant la rentabilité des choix qu’elles ont opérés. Rares sont celles qui sont dans des foyers, même en concubinage par amour. Lorsque les prévisions des calculs ne donnent pas comme prévue, on assiste à un changement de comportement, qui se traduit généralement par le mépris de l’homme et l’infidélité. Deux phénomènes qui ont l’art de rendre les hommes violents, voire déclencher leur animosité. Une fois ce niveau déclenché, la femme est désormais vu comme un ennemi, un obstacle à abattre. L’environnement socio-économique actuel ne joue pas en faveur de la culture de la tolérance et du pardon. Le coût de vie devient de plus en plus élevé. La majorité de la population est encore à l’état de survivre, de satisfaction des besoins fondamentaux et essentiels. Ceux qui ont un peu de moyen s’inquiètent pour l’avenir de leur progéniture. Par conséquent, le moindre centime dépensé doit être rentable. Alors avoir des femmes de foyers dépensières, ou qui découchent ne peut qu’altérer la relation et la qualité de l’atmosphère dans le couple. Sont également victimes, celles qui décident de mettre fin à la relation par égoïsme. L’idée de recommencer une nouvelle relation après avoir investi de l’amour, du temps, de l’argent avec une femme est également problématique chez certains hommes qui pensent avoir pris de l’âge, perdu du temps et redoutent un nouveau départ.
Les facteurs psychosociaux
En amour, nous sommes tous ou presque, des blessés de guerre. Les séquelles des relations antérieures entrainent généralement des transformations des individus. Les problèmes d’enfance également créent des personnalités pathologiques ou des personnes asociales telles que les sadiques, les masochistes, les pervers – narcissiques et le plus fréquents les dépendants émotionnel ou affectif. Ces différents profils sont enclin à la violence et peuvent facilement perpétrer des meurtres. En effet, la simple jalousie, peut expliquer les empoisonnements, tant dis que l’envie ou le désir du luxe qui est de plus en plus la cause des divorces, peut expliquer les meurtres.
Les facteurs politiques
La politique gouvernementale a sa part de responsabilité dans la croissance des meurtres dans notre pays. Celle-ci se traduisant par une sorte de laisser aller d’une part pour ce qui est de la communication sur les réseaux sociaux. D’autres part, les injustices et le silence des autorités depuis des années poussent la population à désormais vouloir se rendre justice elle-même. Aussi, la cherté croissante de la vie et l’inégale répartition des ressources, l’accès difficile à l’emploi pour ne pas dire le chômage et l’adversité de l’entrepreneuriat, qui pourtant est l’une des issues principales au développement économique, favorisent la naissance des profils psychologiques instables ou pathologiques. Les valeurs spirituelles, éthiques et morales sont de plus en plus bafouées par la perte des repères psychologiques, l’insécurité sociale et le relativisme culturel.
Rosine Yémélé, psychologue écrivaine, journaliste.
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