Cameroun – Commune de Bipindi : Les Chefs traditionnels exigent le départ du Maire Elias Bilong en 2026.


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  • 21 janvier 2025

Comme avec la Commune de Yabassi, en 2013, le Comité central du Rdpc doit éviter un vote sanction contre le parti du Président de la République, Paul Biya, dans la Commune de Bipindi, lors de l’élection municipale de 2026, au cas où la candidature du Maire Elias Bilong est une fois de trop présentée aux populations de cette unité politique du département de l’Océan, région du Sud Cameroun. C’est en effet cette sonnette d’alarme que les gardiens de la tradition du Groupement Ngoumba – Fang – Bulu, dans l’arrondissement de Bipindi, ont tenu à tirer ce 9 Janvier 2025. Ci-dessous en exclusivité, les déclarations de ces chefs traditionnels.

S.M Vilmorin Miernamm ; Chef de Groupement Ngoumba – Fang – Bulu dans l’arrondissement de Bipindi : « En ma qualité de chef du Groupement Ngoumba – Fang – Bulu, dans l’Arrondissement de Bipindi, nous sommes obligés de rompre le silence et de sortir de nos réserves, suite à la publication du journal Télégram News du 7 janvier 2025. Car, trop c’est trop. Nous les chefs traditionnels de l’Arrondissement de Bipindi en général, nous sommes profondément déçus de l’inertie et de l’incompétence du Maire de la Commune de Bipindi, qui est en poste depuis pratiquement 18 ans. Et en 3 mandats déjà, y compris avec toutes les prorogations dont il a pu bénéficier, ce Maire brille par son inaction notoire, avec absence totale de résultats et de réalisations sur le terrain. Les chantiers sont abandonnés. Les populations ne savent même plus à quels saints se vouer. Bipindi est dans l’obscurité totale, par d’électricité, pas d’eau potable pour les populations dans nos villages.

Nous pensons que chaque chose a son temps et le Maire a déjà fait son temps. Quand on échoue, on doit abandonner. Vous savez tous que Bipindi c’est le fief du Rdpc et le bastion du Président de la République Paul Biya. Alors, nous devons montrer l’exemple. Bipindi mérite un nouveau Maire, qui pourra être à l’écoute et à la hauteur des attentes des populations en matière de développement. Comme certains disent qu’ils ont les connections au Comité Centrale du Rdpc et à la Présidence de la République ; et qu’on va les imposer une fois de plus aux populations de Bipindi, il se trompent énormément. Nous les chefs traditionnels nous disons que ça ne passera plus. Nous avons laissé ça pendant 18 ans, ça suffit comme ça. La Commune de Bipindi doit changer. Nous voulons un nouveau Maire. Et nous avons des fils valables, qui peuvent très bien assumer cette fonction de Maire. Tous les autres arrondissements de l’Océan sont devant nous en termes de développement. Bipindi est dernier, dans le noir. Nos enfants souffrent pour étudier dans l’obscurité, avec les lampes tempêtes. En 2025 ? Non, on ne peut plus supporter ça. Et nous demandons au Président Paul Biya que nous voulons un nouveau Maire. Nous ne devons pas attendre qu’il y ai d’abord des soulèvements des populations ici à Bipindi, avant d’agir. Voilà pourquoi, nous les chefs traditionnels, gardiens de la tradition, nous avons tenu à faire cette sortie ».

S.M Ella Ella Marc, Chef de 3e degré du village Ebimimbang, dans l’arrondissement de Bipindi : « Nous avons beaucoup de problèmes dans nos villages, notamment ici à Ebimbang. Nous sommes vraiment tous déçu de notre Maire de la Commune de Bipindi, nous qui sommes les chefs de villages, les représentants des populations. Je suis à 5 ans de chefferie déjà et je peux vous dire que les populations en ont marre de ce Maire de Bipindi. Si mon village est même un peu calme aujourd’hui, c’est à cause du travail que nous avons pu faire avec notre propre initiative et avec nos propres moyens. La communauté s’est mobilisée autour du Chef que je suis, avec l’appui de notre Ministre Jules Doret Ndongo, des Forêts et de la Faune, nous avons pu avoir une forêt communautaire, qui nous a permis de réaliser beaucoup de projets. Aujourd’hui à Ebimimbang par exemple, il y a l’eau, la lumière, le stade de football, le foyer, la pharmacie communautaire etc. Réalisés avec nos propres moyens, sans accompagnement de notre Maire.

En 5 années de Chef, je n’ai pas vu un seul projet de la Mairie de Bipindi dans mon village. Le Maire est lui-même responsable de ce qui lui arrive là. Trop c’est trop. Lui-même, en âme et conscience, il doit déposer le tablier avant même que les populations ne soient obligées de le chasser. Dans un an, il y aura des élections municipales, nous voulons un nouveau souffle, un nouveau Maire, car il y a encore beaucoup de choses à faire dans notre arrondissement, pour l’amélioration du cadre et des conditions de vie des populations. Le problème des routes alors c’est grave. Pour sortir de mon village pour le centre-ville de Bipindi, à 10 km seulement de l’axe principal, les voitures n’arrivent pas chez nous à cause du mauvais état des routes, nous sommes obligés de marcher à pieds. Nous en avons assez, il faut que ça s’arrête comme ça ».

Jean Marie Abougou, Notable à la chefferie de Grand – Zambi, dans l’arrondissement de Bipindi : « il faut reconnaitre que si nous vivons encore dans nos villages, c’est parce que l’Etat a consenti à un certain nombre d’investissement, notamment dans mon village à Grand – Zambi, nous avons des puits d’eau et nous avons l’éclairage à travers le solaire grâce au programme Huawe qui a été lancé il y a quelque temps.

Mais notre malheur est que, lorsque nos puits tombent en panne, nous faisons des sollicitations à la Mairie de Bipindi pour la réhabilitation, ou encore la maintenance de ces puits ; et en retour, nous n’avons aucune suite favorable de la part de notre Maire. Actuellement nous sommes en saison sèche, nous allons dans nos rivières pour nous ravitailler en eau. Car l’adduction d’eau qui a été faite depuis un certain temps chez nous est tombée en panne et jusqu’à présent nous n’avons aucune intervention de la Commune de Bipindi relativement à sa réparation. Il faut vous rappeler que l’exécutif actuel de la Commune de Bipindi, qui a pourtant un Conseiller municipal qui représente notre village, mais nous ne bénéficions d’aucune attention, d’aucun accompagnement de notre Maire et c’est vraiment regrettable. Nous, autorités traditionnelles de l’arrondissement de Bipindi, nous montons donc au créneau pour dénoncer cette façon de faire et nous disons désormais non au parachutage de nos dirigeants ici à la Mairie de Bipindi. Nous sommes un bastion du Rdpc ici à Grand – Zambi, et nous revendiquons un nouveau Maire, que nous connaissons, qui est avec nous et qui pourra travailler pour l’amélioration des conditions de vie de nos populations.

Alors que l’Etat prend des dispositions pour promouvoir le développement de nos villages, à travers le Ministère de la décentralisation et du développement local (Minddevel), nous sommes au regret de constater que notre Maire ne suit pas cette dynamique. Nous attendons toujours la mise en place des Comités de développement dans nos villages et quartiers, comme l’a prescrit le Minddevel, dans un texte qui date de plus d’un an aujourd’hui. Nous ne voyons rien bouger ici chez nous à Grand – Zambi. Nous devons pouvoir désigner nous-mêmes nos représentants locaux. Sur le plan de la santé et de l’éducation, là-bas c’est encore très grave. L’Etat a fait sa part en nous envoyant un Centre de Santé et une école dans notre village, mais aucun accompagnement, ni soutien de la Mairie. Au regard de tous ces constats, nous sommes fondés de conclure que l’exécutif communal actuel ne nous a pas apporté satisfaction, nous devons le changer pour les échéances à venir ».


Propos recueillis par Samuel Bondjock.

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