Cameroun – Liberté de la presse 3 mai 2023 :L’Unesco lance les « Universités de la presse » à Yaoundé.


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  • 10 mai 2023
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En présence du ministre camerounais de la communication, René Emmanuel Sadi, le Directeur Régional de l’Unesco pour l’Afrique centrale, Paul Coustère, a réussi le pari de mobiliser ce 3 mai 2023 au Palais des Congrès de Yaoundé, un parterre impressionnant des Hommes de médias, pour lancer la toute première édition des universités de la presse, placée sous le thème : « Façonner un avenir de droits : La liberté d’expression, clé de voûte des droits humains ».


Dans un contexte marqué par la perte de 20 places au dernier classement mondial des pays dans lesquels s’exercent la liberté de la presse, la célébration du 30ème anniversaire de la journée mondiale de la liberté de la presse (JMLP) au Cameroun est marqué par des menaces et intimidations de tous genres sur les journalistes. Des convocations et auditions régulières à la police judiciaire, des passages devant le procureur de la république, des mises sous mandat de dépôt et incarcérations dans les prisons, des tortures et des assassinats, entre autres, sont le quotidien des professionnels de la presse au Cameroun. L’un des derniers cas en date fut l’assassinat sauvage, en janvier 2023, du célèbre Chef de chaine d’Amplitude FM à Yaoundé, Martinez Zogo, de son pseudonyme. Un meurtre non élucidé jusqu’à ce jour où nous mettons sous presse. Plusieurs autres cas de violations flagrantes des conventions internationale ratifiées par le Cameroun et qui régissent la liberté de la presse, exemple fait de la charte de Munich, entre autres. Le Directeur de publication du journal « Albatros », Désiré Stanislas Tchoua, est incarcéré à la maison d’arrêt de Kondengui depuis le 28 décembre 2022 pour une accusation de délit de presse. Madame la Directrice de publication du journal « Repères », Régine Touna, est convoquée depuis quelques jours seulement à la Police judiciaire du Centre. Samuel Bondjock, Directeur de publication du journal « Direct info » subit depuis deux années déjà, la torture morale et psychologique d’un procès intermidable, pour diffamation ; alors même que le Conseil national de la communication (CNC) a débouté purement et simplement son plaignant pour faits non établis au regard des éléments versés dans le dossier par le journaliste.


Compte tenu de toutes ces péripéties qui ternissent gravement l’image du Cameroun à l’international, l’Unesco a trouvé impératif d’organiser à l’occasion de ce 30ème anniversaire de la JMLP, la première édition des Universités de la presse, avec des exposés et contributions scientifiques des universitaires et journalistes chevronnés, à l’instar de Jean Vincent Tchienehom ; Baba Wame ; Yannick Ebosse ; et du Dr Yves Mbende. Ceci en présence d’un parterre impressionnant de hautes personnalités de la République, ainsi que des missions diplomatiques.


De l’avis de plusieurs journalistes, participants à ces assises, la liberté de la presse n’est pas encore une réalité concrète au Cameroun. Pour Léon Mgbwa, Rédacteur en chef du journal Diapason : « Il faut savoir que le Cameroun vient de perdre 20 places au classement mondial de la liberté de la presse. Cela veut tout dire. Face aux exactions, aux intimidations, aux arrestations, jusqu’aux assassinats des journalistes, nous ne pouvons pas parler de liberté de la presse. Les faits sont têtus malheureusement. Dans un tel contexte, tout est fait pour neutraliser la presse. Même ce qu’on appelle généralement, appui institutionnel à la presse privée, c’est déplorable et c’est même une insulte et un mépris à l’endroit des professionnels des médias que nous sommes ». Serge Kombou de radio environnement n’en dira pas le contraire. Pour lui : « tout est fait pour que la presse vive dans la précarité au Cameroun. Et nous saluons cette belle initiative de l’Unesco qui vise à accompagner ce combat pour la liberté de la presse. C’est regrettable de voir des journalistes s’engluer dans des batailles de réseaux pour défendre tel, ou pour noircir tel autre. Vivement que nous-mêmes les journalistes, nous prenions notre métier au sérieux ».


Le Président du réseau des patrons de presses du Cameroun (REPAC), François Mboke, précise que : « Nous ne pouvons pas parler de liberté de la presse au Cameroun, sans nous interroger sur la viabilité des organes, ou des entreprises de presses. La presse a gravement besoin de financements pour son indépendance, sa neutralité et sa liberté. Regardez un peu le minable appui de l’Etat à la presse privée qui dégringole encore d’années en années. Dans ce contexte, plusieurs organes de presses mettent la clé sous le paillasson. Nous avons recensé en 2022, un total de 134 journalistes qui ont eu des démêlées avec la justice camerounaise dans le cadre de l’exercice de leur travail. Nous n’allons pas revenir sur tous les cas d’assassinats des journalistes. Ce qui n’est pas de nature à consolider la liberté de la presse ».
Samuel Bondjock

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