Cameroun – Lutte contre la Tuberculose : Dr Annie Bisso du PNLT fait le point sur le dispositif sanitaire opérationnel.


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  • 6 mars 2024
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Selon la responsable du programme national de lutte contre la Tuberculose (PNLT), lors de sa présentation du 28 février 2024 lors d’une atelier tenu à Yaoundé, le dispositif sanitaire mis en place au Cameroun pour l’éradication de la tuberculose à l’horizon 2030 mérite encore être renforcé. Elle dresse ainsi le diagnostic de la situation sur le terrain.

En effet, la lutte contre la Tuberculose au Cameroun repose sur deux récipiendaires principaux que sont, le Ministère de la santé publique et le volet communautaire. Ainsi, le programme national de lutte contre la Tuberculose (PNLT) est délégué du ministère de la santé publique.

Il faut dire que, selon les données DHIS2 de janvier 2024, nous sommes à 29 448 165 d’habitants au Cameroun ; et la tuberculose est subdivisée en 12 régions épidémiologiques, parce que Yaoundé et Douala constituent en elles seules deux régions à part. C’est à dire que le Centre et la ville de Yaoundé forment deux régions. Tandis que le Littoral et la ville de Douala forment deux régions également. Nous disposons de plus de 400 centres de traitement (CT) ; 1080 Formations sanitaires (FOSA) qui sont non CDT (Centres de dépistage de la Tuberculose), qui implémente la recherche active des cas, mais qui sont racolés aux 349 CDT qui sont portés par le PNLT. Ces 349 CDT sont repartis dans les différentes régions du pays. Pour la Tuberculose multirésistante, nous avons 11 centres de prise en charge qui selon les discutions avec les bailleurs de Fonds seront multipliées. Nous comptons 26 APS, 500 ACRA, 4018 agents de santé communautaire polyvalents (ASPC), 260 mentors ICF. Et il faut dire que tous ces personnels constituent vraiment le socle de la recherche active des cas. Parceque comme vous le savez avant, il fallait attendre qu’un patient arrive à l’hôpital pour se plaindre de l’un des 04 signes et symptômes que sont, la fièvre, l’amaigrissement, la toux, etc. Et c’est à ce moment qu’on pensait à la tuberculose. Mais, notre nouvelle approche est beaucoup plus agressive. Car, elle consiste à envoyer tous ces agents vers les différentes portes d’entrées, pour la recherche d’un seul signe et symptôme au sein des communautés. Nous utilisons dans notre réseau, de laboratoires fonctionnels, des microscopes et des techniques moléculaire. Là également il faut dire que pour ces 349 CDT, nous n’avons que 288 microscopes fonctionnels. Nous avons ces 04 régions qui notifient à elles seules près de 60%, toutes formes confondues, de ce que nous enregistrons dans le pays. Et nous voyons là qu’en 2022, nous sommes partis de 25 286 cas pour 25 722 cas en 2023. Et il est intéressant de vous dire qu’en 2021, nous étions 22 866 cas toutes formes confondues. Ce bond de 22 866 à 25 722 en 2023, soit plus de 3000 cas supplémentaires, viennent de cette nouvelle stratégie mise en place.

Toujours dans la lutte contre la Tuberculose, nous avons 12 indicateurs que nous renseignons. Et sur ces 12 indicateurs, il y en a 6 qui sont au vert ; 4 qui sont au jaune ; et 2 qui sont au rouge. Et en observant l’indicateur lié à la communauté, nous constatons bien que nous ne performons pas encore assez ; et c’est pour celà que nous avons besoin des uns et des autres, afin que cette référence devienne verte. Nous constatons également que la Tuberculose pédiatrique est en rouge. Et pourtant elle fait partie de nos populations cibles. Un autre indicateur qui est au rouge, concerne les patients multirésistants. Néanmoins, nous sommes donc très heureux de constatez que les patients dont le statut VIH est documenté, se situent à 98 % de ce qui est attendu de nous. Et ces patients là sont quasiment mis sous traitement antirétroviral,. Et ça marche plutôt bien.

Les populations cibles et vulnérables pour nous, sont les enfants de 0 à 5 ans ; les personnes vivant avec le VIH ; les prisonniers ; et les camps des réfugiés.

En ce qui concerne les prisons et les camp de réfugiés, un échantillon de 1600 cas nous a été assigné et nous avons assez bien performés. Mais, nous pensons qu’avec un bon accompagnement, on peut faire mieux. Notamment en ce qui concerne les campagnes de sensibilisation de masse, afin de pouvoir couvrir, peut être pas les 77 prisons du Cameroun, au regard de la population carcérale assez importante, mais ne serait-ce que toutes les prisons centrales et principales du pays.

Pareillement, là où nous avons encore plus de difficultés, c’est dans la gestion des sites et des camps de réfugiés. À cet effet, nous sommes persuadés que si tout est fait dans le sens de la mobilisation de tous les acteurs, le nombre de patients tuberculeux va aller croissant d’année en année jusqu’à l’éradication totale de cette pandémie.

Selon ce qui est attendu de nous comme objectif, si en 2024, nous voulons atteindre les 28 000 patients de Tuberculose ; les 30 000 cas en 2025 ; et les 32 000 cas en 2026, nous devons nous donner à fond sur le terrain à la recherche de ces cas là, jusqu’au kilomètre zéro. Et c’est à ce niveau que tous nos acteurs communautaires, tous nos partenaires techniques et financiers sont interpellés.

Je puis vous dire qu’à date, comme vous pouvez le constater dans la lutte contre la Tuberculose, nous n’avons pas beaucoup de partenaires ; si oui les partenaires techniques (OMS ; USAID ; UNION…) Et pourtant nous avons également besoin des partenaires financiers, car le plan stratégique national de lutte contre la Tuberculose n’est pas véritablement porté ; et donc nous n’avons pas suffisamment la capacité de déployer pour toutes les interventions qui sont attendues de nous. Parmis ces partenaires nous pouvons citer entre autres l’État ; GC7 ; et PEPFARPEPFAR, donc les financements restent encore faibles.

Il faut rappeler que notre Plan stratégique national (PSN), a besoin de 3 millions d’euros, soit près de 2 milliards de FCFA. Comparé à ce qui est effectivement mobilisé comme ressources financières pour mettre en oeuvre ce PSN sur le terrain, nous enregistrons un déficit de l’ordre de 63%. C’est à dire que notre plan stratégique national n’est porté qu’a hauteur d’environ 40% seulement. D’où les faiblesses observées ici et là dans la riposte contre cette tueuse silencieuse. Et si rien n’est fait pour inverser cette tendance, ça sera les mêmes difficultés en 2025 ; en 2026 ; et même jusqu’à la date butoire d’évaluation des ODD, qui est 2030.

Nous avons tenu à présenter cette situation, afin que les uns et les autres comprennes que les enjeux sont importants, la bataille s’annonce rude, mais ce n’est que dans la mobilisation de toutes nos forces, nos ressources et nos énergies, que nous réussirons à relever ces défis.

Samuel Bondjock

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