Dans un entretien exclusif accordé à votre journal le 30 septembre 2022, le maire de la commune d’arrondissement de Bertoua 1er, Me Bembell D’ipack Olivier Cromwell, par ailleurs président du bureau régional des Cvuc – Est, jette un regard à la fois rétrospectif et prospectif sur sa collectivité
décentralisée.
Bonjour Monsieur le Maire de la commune d’arrondissement de Bertoua 1er, dans le cadre des crédits transférés par les ministères sectoriels, notamment Celui de l’habitat et du développement Urbain, qu’est-ce qui est véritablement fait dans la commune de Bertoua 1er ?
« Merci de l’opportunité que vous m’offrez de parler de ce sujet très important. Je voudrais d’emblée de jeu, exprimer ma profonde gratitude à madame le ministre de l’habitat et du développement Urbain (Minhdu), parce que dans le cadre de la mise en œuvre du processus de la décentralisation, jusqu’à une époque très récente, le ministère de l’habitat et du développement Urbain, ne finançait pas véritablement les actions qui étaient menées par les communes d’arrondissement. Cela était fait pour d’autres communes, mais cela n’était véritablement pas le cas dans les communes d’arrondissement, car, il y a une autre structure qui la chapote, c’est la communauté urbaine. Et c’est avec la communauté urbaine que le MINDHU travaillait beaucoup plus. Fort heureusement, depuis un certain temps, en ce qui concerne la commune d’arrondissement de Bertoua 1er, notamment depuis l’année dernière et cette année 2022, nous avons commencé à recevoir de ce ministère des dotations, sous forme de subventions pour l’aménagement des voies d’accès et de la voirie d’une manière générale. Et Cette année dans le cadre de ces transferts, nous avons reçu une dotation du ministère du l’habitat et du développement Urbain de 40 millions de francs CFA pour l’éclairage public. Ce projet est en cours d’exécution et le deuxième financement que nous avons reçu, c’est une dotation issue de concours de villes Propres de l’année dernière, en 2021, pour lequel nous avons été l’un des lauréats et nous avons gagné un chèque de 50 millions de francs CFA. Avec cette somme, nous avons entendu améliorer notre voirie, avec un train d’honneur sur la suppression des points de ruptures et c’est pour ça que depuis l’année dernière, les crédits que nous recevons du MINDHU dans le cadre de l’aménagement de la voirie. Nous choisissons des axes où il y a des points de ruptures qui ne permettent pas aux populations de se mouvoir normalement, soit par les motos, les véhicules, ou même à pieds. On essaye donc de résoudre ce type de problème. Cette année, avec le crédit de 50 millions de francs CFA issu du concours ville Propre de l’année dernière, nous avons entamé l’aménagement d’une voie sur laquelle le dalot est en train d’être construit. Je crois que vous avez certainement fait un tour sur le site du chantier, pour voir le niveau d’évolution des travaux. L’éclairage public quant à lui est également en cours d’exécution. Il s’agit d’un axe qui doit prendre 20 lampadaires solaires au total. Ceci, pour limiter davantage des zones criminogènes, parce qu’à partir de l’éclairage public, on va réduire le maximum de criminalité et d’agressions dans la ville. L’année dernière, nous avons également reçu du MINDHU, dans le cadre de ce transfert de compétences, une enveloppe de 55 millions de francs CFA, avec laquelle nous avons aménagé la voirie qui part du carrefour Kolatera à Mokolo II, vers le centre de santé intègre catholique de Mokolo IV, avec la construction d’un dalot pour résoudre le point critique qui était à contre bas de cette voirie. Voilà ainsi brossé les actions menons sur le terrain, avec les crédits que nous recevons du ministère de l’habitat et du développement Urbain ».
Monsieur le Maire, votre commune est finaliste dans le cadre du concours villes Propres 2022, car, classée Commune la plus propre de la région de L’Est, quels ont été les moyens mis à la disposition pour remporter ce prix régional et pour pouvoir concourir à l’échelle nationale ?
« Comme je vous le disais tout à l’heure, dans le cadre des projets mis en œuvre cette année avec le portefeuille du MINDHU, il y a un projet porté par le financement issu du prix du concours villes Propres de l’édition 2021, à hauteur de 50 millions de francs CFA. Je dois avouer que ça nous a énormément galvanisé, pour aller un peu plus loin. Mais comme j’aime un peu à le dire, Bertoua ville Propre, n’est pas un concept qui est lié uniquement à un concours organisé par le MINDHU. Il s’agit d’un concept que nous avons mis en place ici depuis 2018. Parce que ceci rentre d’ailleurs dans nos attributions régaliennes en tant que commune, l’amélioration du cadre de vie. Parce que quand on parle de ville Propre, il s’agit du cadre de vie des populations qu’il faut améliorer. Nous y avons mis un point d’honneur à partir de 2018, en créant le concept Bertoua ville Propre et ceci, à la faveur du prix que nous avons reçu du FEICOM, dans le cadre de l’élection présidentielle d’octobre 2018. Ce que nous récoltons donc aujourd’hui, n’est que le fruit des efforts que nous avons menés depuis 2018. L’année dernière en 2021, nous avons soumissionné à ce concours national villes propres ; et nous avons occupé le 8ème rang national, en gagnant un prix de 50 millions de francs CFA. Et nous comptons aller au-delà cette année et les années à venir. De cette belle expérience, avons tiré des leçons et nous entendons améliorer davantage au-delà de l’implication des populations à l’activité d’hygiène et de salubrité dans la ville. Il y a par exemple un point particulier sur lequel nous avons mis l’accent, c’est le recyclage des Ordures ménagères. Lorsque je parlais tout à l’heure du transfert de compétences du MINDHU, je faisais toujours cette catégorisation que j’aime toujours faire, entre les communes d’arrondissement et les Communes qui ne sont pas gérées de la même manière. Dans la communauté urbaine, Hysacam signe ses conventions non pas avec les communes d’arrondissements, mais avec les communautés urbaines, pour le ramassage des ordures ménagères. Cette action néanmoins ne suffit pas, dans le cadre des compétences qui sont dévolues aux municipalités, notamment celles des communes d’arrondissements, qui sont différentes de celles des autres communes. En matière de gestion des ordures ménagères notamment, les Communes d’arrondissements font ce qu’on appelle la pré-collecte dans les zones où les véhicules d’Hysacam ne peuvent pas avoir d’accès. Nous avons donc mis un accent là-dessus, à partir des petits moyens qui sont mis à notre disposition, soit à travers la dotation générale de la décentralisation, soit à travers nos fonds propres. Nous avons mis un point d’honneur en acquérant chaque année, un ou deux tricycles, des brouettes, des bottes etc… Bref, du matériel qui nous permet de procéder à la pré-collecte des ordures dans les quartiers, afin de les mettre au niveau des réceptacles qui ont été construits grâce aux projets C2D « Capitales Régionales ». Mais, cette année nous voulons aller beaucoup plus loin, à partir de ma mise sur pied d’une unité d’hygiène et environnement, portée par notre jeune, ingénieur environnementaliste, monsieur Touwé. Car les ordures ménagères, et madame le Ministre parle de l’économie circulaire, constituent aussi une niche d’emplois et d’opportunités. La commune d’arrondissement de Bertoua 1er est une commune assise sur deux zones, une zone urbaine et une zone rurale qui est d’ailleurs la plus grande. Nous voulons donc capitaliser ce qui peut être considéré pour nous comme un handicap. Cette zone rurale est un atout pour nous, par exemple pour la promotion d’une agriculture de seconde génération. C’est ainsi que, avec l’appui de notre ingénieur environnementaliste, nous avons mis en place une petite unité, certes encore embryonnaire, au regard des moyens que nous disposons. Il s’agit d’une petite unité de transformation des ordures ménagères en compost biologique, pour deux objectifs principaux. Le premier est celui qui pouvait nous permettre d’améliorer l’agriculture. Et le second objectif participe à l’embellissement de la ville, à travers l’alimentation ou l’enrichissement des sols, pour la plantation des arbres. Nous avons tous vu ce que madame le ministre a fait ici même à Bertoua, lors de la marche de piquetage, elle a planté des arbres pour la protection de notre environnement. Nous voulons aller au-delà de ces initiatives, en créant par exemple une autre unité de transformation des ordures ménagères, ou encore des déchets solides, pour la fabrication des pavées, pouvant contribuer également à l’embellissement de notre cité. Voilà donc ce que nous avons mis en place et je crois que cela a été un avantage pour nous, dans la notation du jury cette année, en observant bien qu’au-delà des aspects d’hygiène et de salubrité, qui sont visibles dans la ville de Bertoua, et vous-même avez pu le constater tout au long de la marche de piquetage, nous construisons une vision vers le développement durable. Il fallait vraiment penser à créer cette unité de transformation ici à Bertoua 1er, parce que, les ordures que l’on produit le plus ici, sont des déchets purement ménagés, des déchets biodégradables. Un autre aspect important est que, la décharge de la société Hysacam est situé à Bertoua 1er ; et vous pouvez imaginer ce que cela peut occasionner comme dégâts dans l’environnement et la santé des populations. Notre souhait est que, ce qui est considéré comme un risque environnemental grave, puisse se transformer en opportunités, afin de permettre aux populations de pouvoir mener une bonne agriculture. Une agriculture bio, intensive et avec des produits naturels que nous pouvons consommer sans risques sur la santé.
Voilà en quelques mots des actions que nous comptons mener dans ce domaine. Certes le domaine du recyclage est encore embryonnaire ici chez nous et c’est la raison pour laquelle nous voulons tendre la main à madame le ministre de l’habitat et à tous les autres partenaires techniques et financiers qui opèrent dans ce secteur. Les efforts que nous menons déjà vont continuer en s’intensifiant et je pense que si cette année 2022, nous gagnons encore un prix sur le concours villes propres, les fonds qui seront mis à notre disposition dans le cadre de ce prix-là, vont être entièrement alloués sur notre unité de recyclage. Je voulais terminer en disant, qu’en plus de tendre la main à madame le ministre, pour une augmentation substantielle des ressources qui seront mis à notre disposition dans les années à venir, je j’apprécie déjà à sa juste valeur, toutes les initiatives qui sont menées par le gouvernement de la République. D’ailleurs, je viens de recevoir tout à l’heure une note de monsieur le Premier ministre, chef du gouvernement, qui instruit le FEICOM de procéder à une sorte d’implémentation. Je crois que si ce projet prend véritablement corps, ça nous permettra d’avoir des villes beaucoup plus propres. Ça sera à titre expérimental, si je m’en tiens à ce que j’ai suivi. Et à travers cette expérience de Bertoua, qui a été choisi au même titre que certaines autres villes, comme territoire d’expérimentation de cette phase-là, le gouvernement ne sera pas déçu par les actions qui seront menées à Bertoua, notamment à travers la distribution ; vous l’avez vu l’autre jour, nous avons acquis un certain nombre d’emballages, de sacs poubelles, pour la collecte des déchets. Et à travers cette acquisition, nous mettons ce matériel à la disposition de l’ensemble des ménages de notre arrondissement, de telle sorte que, dès l’entame de la collecte que l’on puisse avoir déjà deux types de sacs poubelles, l’un pour les déchets solides et l’autre pour les déchets biodégradables. Toutes choses qui nous faciliteront donc la collecte et le traitement, pour que nous arrivions véritablement à des villes saines.
Toujours dans ce même domaine, au-delà des ordures, nous avons voulu faire de la Covid-19, une opportunité. J’ai dit à mes collaborateurs que tout le matériel que nous avons acquis dans le cadre de la lutte contre cette pandémie, nous l’utiliserons aujourd’hui pour mener les campagnes d’hygiène et d’assainissement. Car, il y a un lien étroit entre la santé et l’environnement, suivant les précisions qui ont été apportées ici par l’OMS, lors des tables rondes. Nous voulons ainsi protéger nos enfants du paludisme, nos femmes enceintes des fausses couches, ou encore des avortements prématurés du fait du paludisme. Pour cela, nous avons acquis des pulvérisateurs, des atomiseurs et tout ce qui va avec, pour intensifier régulièrement nos campagnes d’assainissement dans les quartiers. C’est l’occasion pour moi d’appeler les populations de la commune d’arrondissement de Bertoua 1er, de s’impliquer activement dans les actions que mènent leur municipalité. Parce que le Maire ne peut pas tout faire seul. Le maire ne peut pas aller balayer jusque dans les concessions des individus. Il y a un important stock de matériels d’hygiène ici à la commune, nous attendons que nos populations viennent solliciter ce matériel pour désinfecter et assainir leurs cadres de vie, leurs quartiers, leurs maisons et même leurs toilettes modernes et ou traditionnelles. Ce matériel est disponible pour tout le monde ».
Monsieur le Maire, avec la création de l’université de Bertoua aujourd’hui, le développement de la ville et l’urbanisation qui s’imposent, la question de l’habitat doit se poser avec acuité, alors quels sont les projets que la municipalité entend mettre sur pied pour résoudre ce problème de l’habitat qui se pose dans votre municipalité ?
« Merci pour cette question qui du reste, a été posée récemment à Madame le ministre de l’habitat, lors du point de presse qui consacrait l’ouverture officielle de cette semaine de la journée mondiale de l’habitat, édition 2022, ici même à Bertoua, se rapportant aux questions de logements. À la suite des premiers logements construits dans le cadre du plan d’urgence triennal décidé par le chef de l’État en 2015, au niveau de nos municipalités, il s’agit d’une question assez préoccupante, pas seulement pour la Mairie de Bertoua 1er dont j’ai la charge, mais également pour l’ensemble des municipalités de la République. Il y a d’ailleurs tout un programme qui est piloté par les CVUC, le FEICOM et le CRÉDIT FONCIER DU CAMEROUN, il s’agit du programme de construction de cités municipales, qui a commencé déjà à recevoir quelques financements ici et là. Et nous avons voulu saisir cette opportunité du gouvernement de la République, pour engager également ce projet ici chez nous. Mais, comme vous le savez bien, nous sommes dans une zone urbaine, les problèmes fonciers se posent vraiment avec beaucoup d’acuité. L’année dernière, grâce à la communauté villageoise de Mokolo IV, nous avons pu obtenir gracieusement de cette communauté, 29 hectares de terrains. C’est le lieu ici pour moi de remercier et de témoigner une fois de plus, au nom de l’exécutif communal et de l’ensemble de l’organe délibérant de notre municipalité, notre gratitude à l’égard du chef traditionnel de Mokolo IV et de toute sa communauté, qui de manière gracieuse ont offert à la commune d’arrondissement de Bertoua 1er, cet espace de 29 hectares, sur lequel nous envisageons de monter d’une part, notre projet de cités municipales ; et d’autre part de faire des aménagements sous forme de lotissements, pour faciliter l’accès de nos populations à l’habitat décent, ainsi qu’à la terre. Il s’agit des projets qui, lorsqu’ils seront financés et réalisés, pourront résoudre durablement le problème de logements qui se pose déjà à Bertoua en général. Surtout que Bertoua d’aujourd’hui n’est plus comme hier. Bertoua est devenu une très grande ville, une ville universitaire, une ville qui brasse un certain nombre d’activités socioéconomiques. A cet effet, les logements deviennent de plus en plus rares. Ce qui fait en sorte que certains fonctionnaires, lorsqu’ils sont affectés ici à Bertoua, généralement ne s’installent pas ici avec leurs familles. J’aime souvent les qualifier de « célibataires géographiques ». Et ceci, à cause du manque de logements décents. Ceux-ci préfèrent laisser leurs familles à Yaoundé, Douala, Bafoussam, ou à Garoua, ils viennent donc s’installer ici seuls, en devenant donc comme je l’ai dit plus haut, des « célibataires géographiques », ce qui n’est pas normal. Le projet que nous portons donc en ce moment permettra à terme, de résoudre ce type de problème, de telles sortes que chaque fonctionnaire qui sera affecté à Bertoua, puisse avoir un logement décent. Vous avez suivi par ailleurs, lorsque madame le ministre répondait à cette question des journalistes que, en interpellant monsieur le gouverneur de la région de l’Est, qui était représenté par son Secrétaire général, ce dernier a dit de manière claire à madame le ministre que, tous les logements sociaux construits à Bertoua sont entièrement occupés à l’heure actuelle.
Tous les logements ont déjà été pris et ceux qui restent dans le cadre de ces logements sociaux, ce sont des logements qui ont été réservés pour le personnel du ministère de la défense et dont les procédures de contractualisation sont en cours. Il y a également d’autres logements qui sont réservés pour les responsables de l’université qui seront nommés à Bertoua. Je crois donc que tout cela témoigne à suffisance que la question de logements se pose avec acuité, d’où ce projet que nous portons, qui, à terme, va apporter une solution supplémentaire à celle que le gouvernement a mené jusqu’ici. Nous également les municipalités, nous avons notre part de responsabilité, afin que le logement ne soit plus précaire dans nos villes et villages ; mais plutôt décent et surtout que, tout le monde puisse y avoir accès librement. A travers ce projet que nous comptons réaliser, les coûts ne seront pas des coûts commerciaux, parce que la commune n’est pas là pour faire des bénéfices absolus, mais pour apporter une solution aux problèmes des populations. Voilà donc un projet qui a été déjà maturé et nous espérons que d’ici la fin d’année 2022, nous pourrons le présenter au FEICOM, ou au CRÉDIT FONCIER, pour financement dans le cadre du programme des cités Municipales. C’est également l’occasion pour nous de solliciter une fois de plus le Minhdu, pour un accompagnement dans la mise en œuvre de ce projet, notamment en termes d’aménagement des voies d’approvisionnement en service sociaux de base, à savoir l’eau et l’électricité, entre autres, pour la finalisation de ces logements que nous voulons décents pour nos populations. Lorsque nous savons bien que le FEICOM, ou le CRÉDIT FONCIER ne finance que les constructions proprement dites. Voilà donc ce que je peux dire, en réponse à votre préoccupation, pour dire qu’il s’agit d’une question qui nous tient véritablement à cœur et que nous sommes entièrement mobilisés pour la recherche de financements nécessaires à la réalisation de cet ambitieux projet de cités municipales.
Propos recueillis par Samuel Bondjock
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