Cameroun – Litiges fonciers : Qui gouverne finalement à Kribi ?


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  • 19 mars 2021


Au regard de la gravité des actes de vandalisme et de terrorisme perpétrés depuis la nuit du 12 au 13 mars 2021, par la milice de Tantchou Pierre Orly, au lieu-dit Ebomè dans l’arrondissement de Kribi 1er, sous la barbe des autorités judiciaires, des forces de police et de sécurité, c’est à ce demander si la cité balnéaire est encore gouvernée.


Décidemment, les litiges fonciers, notamment dans la ville de Kribi, permettent aujourd’hui de mettre à nu certaines pratiques et personnalités véreuses qui ternissent l’image du système judiciaire camerounais. Pour le cas d’espèce, il s’agit du fameux contentieux qui oppose, depuis plusieurs décennies déjà, sieur Tantchou Pierre Orly Mathias, à la communauté Ebomè, représenté ici par Sa Majesté Mouri Ngouo Thomas.


A l’épreuve des faits


Suivant le procès-verbal de constat signé le 13 mars 2021, par Me Nlend Philippe Abel, huissier de justice près la Cour d’appel du Sud et les Tribunaux de Kribi, il en ressort que la bande à Tantchou Pierre, telle une milice terroriste, a détérioré dans la nuit du 12 au 13 mars dernier, vers 1h du matin, la clôture en construction de l’hôtel Tara plage. En y pénétrant par effraction, dans des conditions susceptibles de troubler l’ordre publique. Tenant ainsi à respect les vigiles de cet établissement hôtelier. Alors même que des clients et touristes étrangers y résidaient. Il s’agit en effet d’un groupe de gangsters (gros bras), gracieusement payé, venu tout droit de Yaoundé, sous les commandes de Tantchou pierre, pour semer la terreur et mettre à sac la collectivité Ebomè. Et pourtant, l’hôtel Tara plage, installé sur 4 875 m² au lieu-dit Ebomè à Kribi, représenté par son promoteur, SM Mouri Ngouo Thomas, est régulièrement détenteur sur cet espace du titre foncier 5310/Océan du 9 janvier 2012.
Et dans cette milice de six costauds mercenaires, qui a refusé de se faire identifier par les forces de police, lors d’une intervention, en opposant une résistance farouche aux forces de l’ordre, un certain Tchakounté, assisté de Rodrigue Ngoua, chefs de cette bande, ont finalement donné leurs noms verbalement lors des échanges. Il faut rappeler que l’un des auteurs de ces casses nocturnes a d’ailleurs été appréhendé le 13 mars, concomitamment par les éléments du Commissariat central de Kribi et du Commissariat du 2ème arrondissement. Mais, a été relaxé purement et simplement, on ne sait pas par quelle alchimie. Et il s’est enfuit pour Yaoundé, selon les aveux de ses propres complices. C’est à se demander, qui protège véritablement cette milice de Tantchou pierre, installée à Ebomè, dans la ville de Kribi ?
L’intervention du Préfet
Heureusement, le nouveau Préfet du département de l’Océan, Nouhou Bello, qui ne souhaite visiblement pas se mouiller dans cette rocambolesque affaire foncière, a convoqué dans les plus brefs délais, les deux parties, afin de voir clair sur ce dossier qui secoue actuellement toute la ville de Kribi, mettant ainsi en mal la justice et les services de sécurité.
Malgré toutes ses mesures conservatoires prises par les autorités pour apaiser le climat social et permettre la poursuite desdits travaux de construction de la barrière de l’hôtel Tara plage, notamment à travers la descente sur le site, le 16 mars dernier, du Sous-préfet de Kribi 1er, Tantchou pierre, dans son dilatoire habituel, continu à servir à son vis-à-vis, SM Mouri Ngouo Thomas, une sommation en cessation de troubles et de déguerpir, avant de lui faire une assignation en référé d’heure à heure, suivi de l’ordonnance N°19/CIV/PI du 16 mars 2021, signée du Président du Tribunal de première instance de Kribi, le magistrat, Mambingo Eitel.
Une machination savamment orchestrée, pour créer un clair-obscur sur une affaire pourtant simple. Si non, comment comprendre qu’un individu, qui prétend détenir son titre foncier, peut-il recruter une milice à Yaoundé, l’installer dans une ville comme Kribi, pour venir s’attaquer physiquement aux travaux de son voisin, qui a son titre foncier à lui, alors même que les deux terrains sont séparés par une servitude, une route qui mène à la plage ? Vivement que la justice camerounaise retrouve enfin ses lettres de noblesse.


Pour mémoire


Ces prédateurs fonciers, malgré les limogeages et les incarcérations de certaines autorités administratives, ne semblent pas avoir suffisamment tirés des leçons du précédant dossier sur les ventes et expropriations illégales des terrains sur les emprises du Port Autonome de Kribi. De scandales en scandales, ils manœuvrent, en s’attachant les services de quelques fonctionnaires véreux, pour torpiller la justice, servir des sommations pour intimidation, bloquer les procédures de délivrance des titres fonciers des communautés autochtones, entre autres.
En effet, Tantchou Pierre, prétend détenir le titre foncier litigieux, N°1043, du 20 Janvier 1987, d’une superficie de 669 m² au lieu-dit Ebomè, issu d’un morcellement du titre foncier collectif mère, N°361/Océan, du 02 Septembre 1976, appartenant à Feu Ntonga Ntonga Martin. Alors même que ce titre foncier mère avait déjà fait l’objet d’une triple annulation. Premièrement, par l’arrêté ministériel du 08 Septembre 1976. Ensuite, par l’arrêté N°000007/Y.7/MINCAF/D100, du 07 Janvier 2008, signé du Ministre des Domaines, du cadastre et des Affaires Foncières (Mindcaf) de l’époque, Pascal Anong Adibime. Et troisièmement, par un autre arrêté N°001003/Y.7/MINCAF/SG/D6/S100/S130/AI, du 14 Octobre 2016, de l’ex-Mindcaf, Jacqueline Koung A Bessike, au motif que celui porte sur un terrain englobant une dépendance du domaine public maritime. Comment donc justifier d’un titre foncier qui serait issu d’un titre foncier mère qui a est annulé ? Une autre scabreuse affaire, pendante devant les Tribunaux, qui incriminant le même Tantchou Pierre, à Kribi. Affaire à suivre dans nos prochaines publications.
Samuel Bondjock

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