Cameroun : Surestimation et surévaluation des réalisations du gouvernement. Chronique du philosophe psychopédagogue Jean Paul Nna Mvondo.

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Dans sa chronique matinale du 23 mai 2022, le philosophe psychopédagogue Jean Paul Nna Mvondo, décortique les effets de mode dans la surestimation des réalisations effectuées dans notre pays à l’instar des monuments et des actes des hommes politiques.

Au nom de quel principe les hommes politiques, associés à une certaine frange de la population Camerounaise, aiment-ils à surestimer et à surévaluer les réalisations des infrastructures et des actes politiques au Cameroun ? Que cache t’on derrière ces discours laudateurs autour des réalisations et Actes des hommes politiques ?

Dans notre pays le Cameroun, la mode est à la surestimation et à la surévaluation des réalisations et actes des hommes politiques. Il ne se passe pas une inauguration d’un bâtiment, ou d’un monument dans notre pays, sans qu’on assiste à une kyrielle d’adjectifs superfétatoires, qui viennent grossir les qualificatifs redondants, contraires à la nature exacte du produit présenté.

Par surestimation, il faut entendre une attribution d’une valeur excessive, par rapport à la valeur réelle.
Un bâtiment est-il construit qu’on lui colle des adjectifs qualificatifs redondants, qui surestiment sa valeur réelle (le monument de l’unité nationale au boulevard du 20 Mai par exemple, n’a de futuriste chef-d’œuvre, et de joyau architectural que de nom).
Ainsi en va-t-il des actes pris par les administrateurs publics, à partir du haut sommet de l’État jusqu’à la base de la pyramide administrative.

On entend généralement des qualificatifs redondants contraires à la valeur réelle des actes tels que : très hauts accords, très importants textes, très hautes instructions etc… Sans chercher à se mettre à l’idée que, les actes administratifs sont circonstanciels.
Ou alors pour ce qui est des infrastructures réalisées : joyau architectural, monument futuriste, chef-d’œuvre architectural. Alors même qu’il n’en est rien du tout.

L’exemple le plus frappant de cette alchimie sémiotique symbolique d’intelligence tronquée, est à n’en point douter, le fameux monument de l’unité nationale qui vient d’être inauguré en grande pompe par la Ministre de l’urbanisme et de l’habitat, Madame ketcha Courtès.
Que n’a t’on pas entendu sortir de la bouche de Madame la Ministre, en faveur de ce monument qui n’est un monument que dans l’esprit malveillant des auteurs de cette forfaiture.

Lorsque nous voyageons de par le monde, une chose est sûre et réelle, les monuments historiques sont réalisés avec le plus grand art. Et, ici, seuls les auteurs de ces œuvres d’art sont les seuls à même de présenter, dans une exégèse et une herméneutique appropriées, les contours et les méandres de telles œuvres réalisées.
Lorsqu’on est en face de la tour Eiffel à Paris en France, on est frappé par le gingantisme de l’œuvre architecturale (parce que effectivement, elle a été réalisée par un architecte de renom, seul capable de dénouer les écheveaux de sa représentation. J’ai nommé Eiffel).
Lorsqu’on se dirige du côté des Etats Unis d’Amérique, on découvre, ahurri, l’extraordinaire œuvre architecturale historique du statut de la liberté qui surplombe les eaux de la mythique ville de New York.
Le Japon, et plus précisément le dôme de Tokyo, vous présente l’un des plus beaux monuments historiques au monde, s’il n’est le meilleur.

Dans ces exemples de monuments historiques des autres pays, ce qui frappe le touriste étranger est leur aspect pittoresque et gigantesque. On se croirait devant des œuvres d’art difficilement conçues par des mains d’homme. Tout simplement parce que l’art est une science particulière réalisée par des mains expertes et habiles.

De ce qui précède, nous sommes en droit de nous demander pourquoi chez nous, dans notre pays, nous avons tendance à masquer la réalité de nos œuvres, considérées à tort comme œuvres d’art ?

Nous répondrons de manière laconique à cette question en disant que, c’est la soumission de nos faits et gestes à la politique politicienne, qui nous font mettre toutes nos réalisations sous le prisme purement démagogique et folklorique. On se donne des représentations imagées pour satisfaire une opinion phagocytée par une politique de slogans publicitaires et laudateurs qui donnent l’impression d’une pratique normale.

Résultats des courses, nos œuvres d’art, ainsi que nos monuments dits historiques s’apparentent à des gadgets pour tromper la vigilance des populations Camerounaises et, surtout, pour justifier des détournements endémiques massifs de deniers publics.

Nous voulons donc suggérer à ceux qui nous gouvernent et qui sont des architectes de la démesure et de la mégalomanie de :
1) commencer à aimer réellement leur pays en exécutant des projets générateurs d’épanouissement collectif,
2) prendre exemple sur les œuvres d’art et monuments Historiques qu’ils observent chez les autres avec délectation profonde pour transposer leurs réalisations chez nous, avec la participation des architectes de renom.
3) mettre en veilleuse l’esprit mercantilisme de la politique politicienne qui consiste à édulcorer l’arnaque maffieuse indécente et la médiocrité comme étant des valeurs axiologiques humanisantes à exhiber à la face des populations,
4) travailler en profondeur et de manière professionnelle la construction de nos monuments historiques pour qu’ils reflètent effectivement notre passé glorieux, ainsi que notre immense richesse culturelle,
5) bâtir leur propre pays avec patriotisme économique et financier, en réalisant des œuvres d’art et monuments Historiques en fonction des coûts réels exigées.

Le faisant, nos pays connaîtront une ascension fulgurante et beaucoup d’attrait pour les visiteurs étrangers et pour les camerounais eux-mêmes.

Il existe un adage BETI Ekang, qui affirme que personne ne peut haïr le bien. Ce qui suppose que le bien est bien, et à travers le bien sur le plan infrastructurel, nous serons un pays où exactement le tourisme serait florissant.

La restauration véritable de nos monuments historiques et œuvres d’art s’impose comme d’un impératif catégorique. Car, on ne triche pas avec l’art.

Aussi dirions-nous sans embage que notre fameux monument de l’unité nationale, dénommé (monument du patriote) n’est que du Pipo, du pur folklore d’un mimétisme génétique aveugle du vrai et grand art.

Jean Paul Nna Mvondo

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