Cameroun : État de droit, réalité ou utopie ? Lire la chronique du philosophe psychopédagogue Jean Paul Nna Mvondo.

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L »Homme de sciences, dans sa chronique de veille de la célébration de fête de l’unité nationale du Cameroun, s’interroge sur les tenants et aboutissants d’un État de droit, en convoquant la conception, l’appréhension et les pratiques des citoyens Camerounais en la matière.

Quels sont les fondements épistémologiques d’un État de droit ? Quelles en sont la perception, l’appréhension et les pratiques dans le cas du Cameroun ?

Nous voulons dénouer l’écheveau de la compréhension de l’État de droit, sur le prisme purement philosophique, afin d’éviter tout amalgame. Ainsi que des conjectures incongrues, par rapport à notre argumentaire.

Une première catégorie de personnes morales (essentiellement des juristes), pensent que, un État de droit est une organisation humaine institutionnelle qui repose sur un ensemble des règles juridiques en vigueur dans une société donnée. Dans le cas spécifique du Cameroun, la constitution est le socle de l’identification des procédures dans la praxis politique propre à faire admettre que nous sommes dans un État de droit. D’ailleurs sur le plan strict du droit, on entend par constitution l’ensemble des lois, où la charte fondamentale qui détermine la forme du gouvernement, qui règle les droits politiques des citoyens, qui dicte la politique d’un Etat ou d’un groupe d’États.

Vu sous cet angle, une organisation humaine institutionnelle qui repose sur sa constitution est un État de droit.

Dans un prisme populaire, la lecture de l’État de droit, elle aussi s’appuie sur le respect des règles et lois qui régissent un État, une nation. l’État de droit est une organisation humaine régie par un code de conduite défini par des normes et règles qui dictent notre manière de faire, d’agir et de penser en rapport avec les relations humaines interpersonnelles entre les citoyens Camerounais, entre eux, et les citoyens Camerounais avec les dirigeants de la République.

Il se donne à observer que, selon les uns et les autres, l’État de droit est une application stricte des lois qui régissent un État.

Toutefois, considérant l’idée du contrat social, qui est supposé mettre d’accord les citoyens Camerounais sur les limites réelles de leurs libertés fondamentales, face à l’exigence des lois républicaines, nous tombons généralement dans notre pays, sous le coup de la désinformation et de l’ignorance des procédures de gestion des risques encourus devant les lois républicaines.

À ce sujet, beaucoup de citoyens camerounais ont tendance à aller au delà des limites de leurs libertés fondamentales pour se croire au dessus des lois républicaines. D’où notre interrogation sur la réalité ou le caractère utopique d’un État de droit.

Pour s’en convaincre, le Cameroun est bien souvent le théâtre des décryptages de situations d’instrumentalisation de la justice sociale, mieux des lois, au profit d’une minorité de personnes morales qui tiennent le gouvernail Camerounais. Lorsqu’une majorité de Camerounais voient leurs libertés fondamentales bafouées, ou tuées, sous l’autel de la super implication des pouvoirs publics dans les affaires de justice équitable. Or, selon les règles relatives au contrat social, selon Jean Jacques Rousseau, il est énoncé que : « le respect de la loi qu’on s’est prescrite est liberté ». De là, vient la fameuse boutade selon laquelle : « nul n’est sensé ignorer la loi ».

Entre d’une part le législateur et le peuple souverain, les atomes ne sont pas toujours crochus, lorsqu’on observe comment l’application des lois est faite selon les classes sociales qui composent le Cameroun, en tant que État dit de droit. C’est à ce sujet que Jean Jacques Rousseau remet au goût du jour l’épineuse dualité entre la force du droit et le droit de la force, lorsqu’il proclame que : « le plus fort n’est jamais assez fort pour devenir le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en Devoir ».

De tout ce qui précède, nous sommes en droit de dire que le Cameroun est un État de droit en principe. Car, il regorge un Armada de textes et lois, qui régissent la vie sociale. À l’opposé, il apparaît des velléités d’attitudes obstentatoires de la part de ceux qui tiennent le gouvernail de la République, et qui créent d’autres types de textes et de lois, qui ne s’appliquent que par opportunisme politique. Créant ainsi une sorte de « no Man’s Land » juridico institutionnel, qui met en exergue une justice sociale à deux vitesses. Très souple pour les uns, (les hommes politiques de pouvoir), et très rigoureuse et drastique pour les autres (le petit peuple et les partis politiques de l’opposition Camerounaise). D’où le caractère éminemment utopique que l’on pourrait déceler dans la recherche de la désignation du Cameroun comme État de droit.

Toutes constatations faites, au moment où la vie politique Camerounaise actuelle surfe avec des crises sociales aiguës, des injustices sociales flagrantes dans la répartition des fruits de la croissance, la recherche d’une unité nationale trahie par des guerres fratricides, il serait de bon ton qu’on pensât à reformuler les termes de la constitution républicaine, en y introduisant des lois et règles sociales équitables pour tous. Sinon, bienvenue à la perpétuation du chaos lent, fenêtre ouverte à la vindicte populaire, aux règlements de comptes envers les autres, dus aux nombreuses frustrations que connaissent la majorité des camerounais qui n’ont pas toujours accès à la nomenclature des lois et règles qui régissent la vie sociale.

Le temps de la fête de l’unité nationale devrait donc véritablement être le temps d’une Intense réflexion sur les véritables acquis de l’État de droit dans notre pays. Ainsi va l’État unitaire du Cameroun, 50 ans après.

Jean Paul Nna Mvondo, philosophe psychopédagogue

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