Cameroun – Les atavisme de la décentralisation : Chronique du philosophe psychopédagogue Jean Paul Nna Mvondo.

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Dans sa chronique du 16 mai 2022, le philosophe psychopédagogue, Jean Paul Nna Mvondo, scrute les pesanteurs de la décentralisation et du développement local.

Le Cameroun, notre pays, a maille à partir avec ses atavismes moyennageux, dans la perception des innovations fécondes, susceptibles de Booster son développement. Les habitudes ont la peau dure, lorsqu’il faille intérioriser une innovation et l’implémenter sur le terrain, pour le grand bien des populations locales.

Il en va du paiement des impôts et taxes, comme de l’appropriation des rouages de la décentralisation. Les collectivités territoriales décentralisées connaissent, depuis la mise en œuvre de la décentralisation, une période difficile, marquée par la très forte influence des chefs de terre ( préfets et sous-préfets), dans le cadre de la gestion par les Maires, des prestations relatives aux services dévolues à leurs cahiers de charges. On se retrouve dans les mêmes atavismes comportementaux, qui voudraient que les Maires, pourtant maîtres d’ouvrages, continuent à être vassalisés par la tutelle préfectorale, ou sous préfectorale, ( selon qu’on est dans un département ou un arrondissement).

Tout cela, au vu et au su du ministère de l’administration territoriale et du ministère chargé de la décentralisation et du développement local. On a l’impression de se retrouver dans une espèce de banquet, ou de festin du diable, durant lequel, les principaux acteurs sociaux des prestations communales, sont ravalés au rang de femmes de chambres, appelées à préparer le festin des rois, qui se trouvent être les préfets et sous-préfets. Toutes choses qui concourent à plomber considérablement la mise en œuvre d’une décentralisation effective, efficace et efficiente, dans laquelle le pouvoir de décision echoie directement aux administrateurs locaux.

Cela a pour corollaires un affaiblissement du taux d’exécution des projets générateurs d’épanouissement collectif des populations locales, et un faible taux d’intérêt pour les prestations sociales. Nous nous posons donc la question de savoir le rôle exact du ministère en charge des collectivités territoriales décentralisées, dans ce caphernaum indescriptible et d’incertitudes, dans lequel les seules véritables prestations sociales sont relatives à l’engraissement des préfets et sous-préfets.

Au motif qu’ils sont des ordonnateurs des dépenses des Mairies, ces administrateurs territoriaux affament considérablement les Maires et plombent toutes velléités d’engagement des projets bénéfiques pour les populations locales. À cette allure, nous sommes en droit de constater que rien n’a véritablement changé en matière de décentralisation.

Les comportements sociaux moyennageux ayant toujours pignon sur rue dans nos administrateurs municipales. Les populations locales dans ce cas ne pourraient jamais rêver d’un nouvel ordre social, si d’aventure la même gouvernance perdure.

Il faudrait donc que les Ministres Camerounais de la décentralisation et de l’administration territoriale, accordent leurs violons, pour enfin lâcher du lest et permettre ainsi aux acteurs locaux de participer effectivement au développement de leurs communautés, par leurs activités propres. Sinon, bienvenue à l’éternelle débrouillardise.

Jean Paul Nna Mvondo, philosophe psychopédagogue

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