Tribune libre du prêtre philosophe Jean Armel Bissi : L’église catholique comme ferment de l’unité de la nation au Cameroun.

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Le seul cadre victorieux des replis identitaires au Cameroun, c’est bien l’église catholique, selon le philosophe, l’Abbé Jean Armel Bissi, prêtre, enseignant de philosophie, diplômé de la 59e promotion de l’Ecole Normale Supérieure de Yaoundé (Cameroun) et Master en philosophie (éthique et philosophie politique).

Pendant que les politiques cherchent encore à donner un sens à l’unité nationale au Cameroun, le chrétien catholique vivant au Cameroun, peut se vanter d’en goûter les fruits au quotidien.

En effet, l’Eglise catholique au Cameroun est la seule institution sociale devant laquelle chaque identité au Cameroun est valorisée ; autant que les replis identitaires ne résistent pas à leurs structurations.

À l’Eglise catholique, la sensibilité linguistique francophone ou anglophone n’est pas un frein à l’unité des camerounais qui sont fils et filles d’un diocèse. Il arrive même des cas où l’Évêque n’est pas bilingue, mais tous les fidèles se reconnaissent de lui comme brebis dont il a la charge. Chacun faisant tout ce qui est à son pouvoir pour participer à la construction dudit diocèse. Pareillement, l’Évêque ne nie pas chaque sensibilité linguistique représentée dans sa juridiction. À défaut de parler le français et l’anglais, il associe les deux identités parfaitement dans la gestion du diocèse. C’est ainsi qu’on trouve aujourd’hui dans tous les diocèses francophones du Cameroun, des communautés d’expression anglophone très actives et vis versa.

L’ unité nationale est encore plus réelle dans l’église catholique au Cameroun, dans la mesure où les serviteurs de Dieu sont bien accueillis sur toute l’étendue du territoire national et sans aucune discrimination. Il suffit d’être prêtre originaire de l’extrême nord et de recevoir son affectation dans le grand sud, pour que cette partie du pays devienne, pour ce pasteur, un village dont il ne voudra plus se séparer. Il y a des échanges de prêtres et de religieuses entre différents diocèses et chacun parvient à trouver à chaque lieu d’affectation une contrée qui l’adopte et dont il devient membre à part entière.

Au niveau des liturgies catholiques, on assiste à l’expression du multiculturalisme camerounais. Le chant liturgique au Cameroun est très varié. Chaque communauté loue Dieu dans sa langue. Il en résulte donc un riche échange de répertoires de chants sacrés entre les communautés. Par moment, un chant liturgique venant de l’Est ou de l’Ouest, s’impose au centre ou au Nord, et vis versa. Les maîtres de chœurs viennent de toutes les régions du pays à défaut d’exécuter les répertoires de chacune des régions du pays. Les cultes catholiques sont donc aussi de grands moments de la richesse culturelle camerounaise et de son unité.

L’Église catholique au Cameroun a aussi la particularité d’avoir de très bons établissements scolaires et des institutions universitaires qui forment divers camerounais chaque jour, rien que sur la base du mérite et sans aucune considération pour l’ethnie, la région, le clan ou le village. Dans les petits séminaires du Cameroun et de grands collèges catholiques comme : Vogt, Jean Tabi, Libermann, Saint Michel, Sacred Heart college, on trouve des enfants qui viennent de tous les coins du pays et qui se forment sans aucune frustration devant des identités particulières qui ne sont pas les leurs.

Créateur d’emplois, L’Église catholique au Cameroun est donc aussi un employeur de qualité. Dans les services de la conférence épiscopale nationale du Cameroun, à l’Université catholique d’Afrique centrale, dans les administrations diocésaines et dans les structures éducatives : les gens sont positionnés sur la seule base de leurs compétences et viennent de tous les coins du Cameroun, sans aucune discrimination. En ce moment, le président de la conférence épiscopale nationale du Cameroun est d’expression anglaise, tandis que son vice président est d’expression française. Tout cela atteste du désir de l’église catholique au Cameroun, de rassembler, de souder et de tisser des liens forts entre tous les fils et filles de notre cher et beau pays.

L’ unité nationale est donc déjà un acquis au Cameroun au sein de l’église catholique. Les hommes politiques en sont témoins et ne devraient plus avoir à chercher en Angleterre ou en Suisse, voire au Canada, les formules à adopter pour sentir l’unité de la nation Camerounaise. Il suffit de demander à l’église catholique du Cameroun quelle formule elle utilise et on aura l’équation de laquelle murira aujourd’hui notre désir de vivre ensemble et de bâtir un Cameroun un et indivisible.

Abbé Jean Armel Bissi. Prêtre philosophe.

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